CHRONIQUES DE LAURENCE JAMOTTE

27 Octobre 1999-Parodie d'élection démocratique...(Tunisie)
Plébiscite. Le mot n'est pas trop faible pour qualifier la victoire de Ben Ali au scrutin présidentiel. Le président sortant a en effet remporté 99,4 % des voix. Plébiscite controversé… Les premières élections présidentielles pluralistes n'ont été qu'un artifice cosmétique à la chape de plomb pesant sur la Tunisie. L'issue des élections présidentielles et législatives ne faisait aucun doute. La pérennité du président était assurée. Celle de son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) aussi… La pluralité des candidatures au titre suprême n'y a rien changé. Les deux candidats qui se sont opposés dimanche à Ben Ali ne s'y opposaient que symboliquement. Juste pour faire semblant… Abderrahmane Tlili et Mohamed Belhaj Amor, tous deux présidents de " partis politiques autorisés ", ont assuré le rôle de faire-valoir du pouvoir. Faisant " molle " campagne en posant devant un portrait de Ben Ali, ils avaient même affirmé qu'ils n'étaient pas là en tant que concurrents de M. Ben Ali. Et, comme prévu, ces candidats fantoches n'ont raflé que des miettes. Pas même 1 % si l'on comptabilise leurs scores respectifs. Par ailleurs, aux élections législatives, c'est aussi le parti présidentiel qui a remporté la mise avec 91,5 % des suffrages. Pas de quoi surprendre. Tout était prévu. L'opposition légale s'était même vue assurée, avant le déroulement du scrutin, un cinquième des sièges à l'assemblée, tant la victoire écrasante du RCD était attendue. Toute cette mise en scène est destinée à masquer le vrai visage du régime. Si la Tunisie a réussi un décollage économique et attire chaque année de plus en plus de touristes occidentaux, le pays assiste en même temps à une dérive sécuritaire. En 1989, le régime de Carthage a lancé une vaste opération de répression contre la mouvance islamiste, puis s'en est pris aux gauchistes, aux défenseurs des droits de l'homme, à la presse et plus global ement aux libertés d'expression et d'association. Depuis une semaine, la plupart des quotidiens français, dénonçant les atteintes aux libertés publiques, ont été interdits de diffusion en Tunisie.
Le pluralisme à la tunisienne n'est que poudre de perlimpinpin.

©Laurence Jamotte, 1999.