TUNNEL SOUS LA MANCHE
(Texte intégral en html)
ITR.88/294/2-FP/FA/JG
TUNNEL SOUS LA MANCHE
IMPACT POUR LE TRANSPORT ROUTIER DE MARCHANDISES BELGE
François PECHEUX
Conseiller économique
Bruxelles, décembre 1988
c ITR, Bruxelles, 1988
Toute reproduction d’un extrait
quelconque de ce livre, par quelque
procédé que ce soit et notamment par
photocopie
ou microfilm, est strictement interdite
ISBN : 90-6606-154 D/1988/1596/90
SOMMAIRE
INTRODUCTION
1ère PARTIE - HISTORIQUE
2ème PARTIE - CONSTRUCTION ET FONCTIONNEMENT
3ème PARTIE - FINANCEMENT DU PROJET
4ème PARTIE - LES INFRASTRUCTURES
5ème PARTIE - LE TRAFIC TRANSMANCHE
6ème PARTIE - LE TUNNEL ET LE DEVELOPPEMENT REGIONAL
7ème PARTIE - LE TUNNEL ET LE GRAND MARCHE UNIQUE DE 1993
8ème PARTIE - CONCLUSIONS GENERALES
INTRODUCTION
Le but de cette étude est d’essayer d’estimer l’impact que
pourra avoir le tunnel sous la Manche pour le transport professionnel routier
belge de marchandises.
De très nombreux documents ont déjà été publiés un peu
partout sur le tunnel, cette étude tente d’en faire une synthèse.
Nous nous sommes également attachés à l’examen de certains
problèmes plus directement liés à notre pays tel que les infrastructures et
les prévisions de trafic transmanche.
Cette étude ne peut répondre à toutes les questions qui se
posent, mais tente de faire, à moins de 5 ans de l’ouverture du tunnel, si les
prévisions sont respectées, le point de la situation eu égard aux très
nombreuses zones d’ombres qui subsistent.
Pour la réalisation de cette étude, l’ITR a pu compter sur
la collaboration et l’aide précieuse de très nombreuses personnes et
organismes.
Nous ne pouvons pas tous les remercier ici car cette étude
n’a été possible que grâce aux très nombreux contacts que nous avons pu obtenir
tant en Belgique qu’à l’étranger (plus de 100 organismes ont été contactés et
la majorité d’entre eux nous ont fait parvenir de précieuses informations).
Nous tenons cependant à remercier plus particulièrement
les personnes suivantes :
Madame H. Bernard et Monsieur D. Ghouzi de la Région Nord
- Pas de Calais, Monsieur R. Willcox du Dover Harbour Board, Monsieur L.
Maertens de la Maatschappij van de Brugse Zeevaartinrichtingen (MBZ) et
Monsieur J.Cl. Dumoulin de Belgamanche pour leur aide précieuse et la nombreuse
documentation qu’ils nous ont fait parvenir.
La bibliographie de cette étude reprendra les principales
études, les articles, les communiqués de presse que nous avons reçus et qui
nous ont permis de réaliser ce travail.
Pour aider à la réalisation de cette étude, un “Groupe de travail” a été constitué et
s’est déjà réuni à plusieurs reprises. Il est composé des personnes suivantes :
pour la FNBTR Madame De Wilde et Monsieur Van Moer, pour l’UPTRI, Monsieur Van
Ransbeeck, pour le Ministère des Communications, Monsieur Joseph et pour l’ITR
Messieurs Machenil, Jennes et Pecheux.
Bruxelles, décembre 1988
1ère PARTIE - HISTORIQUE
Les premiers projets de liens fixes entre le Royaume-Uni
et le continent remontent à l’époque napoléonienne.
Depuis le 18ème siècle plus d’une vingtaine de projets de
tunnels, ponts, ... ont été élaborés.
Déjà en 1878 des travaux avaient débuté en vue de réaliser
un lien fixe et, à cette époque, on avait creusé près de 1800 mètres de
galeries de part et d’autre de la Manche.
Plus près de nous, en 1966, la décision de construire un
tunnel est prise, un organisme privé sera chargé du financement et de la
construction de l’ouvrage en faisant appel au marché international des
capitaux. Les travaux commencent en 1973, 300 mètres sont creusés a Sangatte et
400 mètres près de Douvres. Mais, entre-temps, le Gouvernement britannique
change de mains et le premier Ministre travailliste de l’époque M. H.Wilson
annonce que son pays renonce au tunnel pour des raisons budgétaires.
Les anglais ferment le dossier “tunnel”, mais ils le
rouvriront quelque temps après, le Royaume-Uni étant devenu entre-temps membre
de la CEE. En 1981, lors d’un sommet franco - britannique, Madame M. Thatcher
et Monsieur Fr. Mitterrand décident de faire procéder à une étude conjointe sur
l’intérêt et les possibilités d’une liaison transmanche. Un groupe de travail
franco-britannique est mis en place. En 1982 le rapport est déposé et
conseille la construction d’un double tunnel ferroviaire comportant des navettes
pour les véhicules automobiles.
En 1983, la CEE et le Parlement Européen décident de
soutenir le projet de Lien fixe. Il s’agit en effet d’un maillon primordial
d’un réseau cohérent et équilibré des grands axes de communication en Europe.
En 1984, un groupe est désigné pour l’élaboration d’un
cahier des charges. En 1985, un appel d’offre est lancé en vue de la
construction et de l’exploitation du lien fixe. Le 31 octobre de cette année 4
groupes industriels et financiers déposent leurs projets :
·
Projet Euroroute : composé en parallèle d’un
pont/tunnel routier et d’un tunnel de 38 km, pour le transport ferroviaire;
·
Projet Transmanche - Express : constitué de doubles
tunnels, rail et route, long de 47 km;
·
Projet Europont : un tube-tunnel routier de 37 km
suspendu par 8 pylônes;
·
Projet France-Manche - Channel tunnel Group. : un
système souterrain de double navette ferroviaire.
FIGURE N° 1 ET 2
Le 20 janvier 1986, lors d’une rencontre à Lille, Madame
Thatcher et Monsieur Mitterrand annoncent que leurs gouvernements ont choisi le
projet France-Manche - Channel tunnel Group (voir figures 1 et 2). Un Traité
franco-britannique est signé le 12 février à Canterbury.
Le 14 mars 1986 est signé l’acte de concession à Paris et
à Londres. Celle-ci est accordée pour une durée de 55 ans à dater de la
ratification du Traité; le consortium aura l’exclusivité de l’exploitation
jusqu’en 2020, c’est-à-dire qu’il a le droit de fixer librement ses tarifs, en
assurant en contrepartie la totalité du financement, par ses fonds propres et par l’emprunt, sans aucune aide
des Etats.
Les lois et règlements relatifs aux contrôles des prix par
les pouvoirs publics ne s’appliquent donc pas à la liaison fixe pendant la
concession. Les concessionnaires toutefois sont soumis aux règles nationales
ou communautaires en matière de concurrence ou d’abus de position dominante.
En outre, le consortium devra présenter avant l’an 2000 un
projet complémentaire de liaison routière (un tunnel exclusivement routier) qui
complétera le premier ouvrage quand les conditions techniques et économiques
ainsi que l’augmentation de trafic le justifieront. A défaut , les
gouvernements pourront lancer à partir de l’an 2010 un nouvel appel d’offres en
vue de réaliser cette nouvelle liaison à mettre en service à partir de 2020.
Bien que signés, les textes du traité et de la concession
devaient pour entrer en vigueur être approuvés par les parlements des deux
pays. S’il convenait pour ce faire de soumettre en France les textes
correspondants à l’approbation de l’Assemblée nationale et du Sénat, qui
votèrent à l’unanimité la loi d’approbation correspondante, la procédure
britannique comportait quant à elle, l’élaboration et l’approbation par la
Chambre des Communes et la Chambre des Lords d’une “hybrid bill” reprenant les
dispositions du traité et de la concession et leur donnant force de loi avant
l’obtention du “royal assent” (“confirmation royale”). Ces procédures
terminées, l’échange des instruments de ratification a eu lieu à Paris le 29
juillet 1987 entre les deux chefs d’Etat.
Calendrier des travaux
Automne 1987 - Démarrage des travaux de construction
principaux.
1987 A 1991 - Forage de la galerie de service et des
tunnels principaux.
Fin 1992 - Après l’achèvement du tunnel, début des essais des navettes ferroviaires et des
différentes installations.
Printemps 1993 - Ouverture du tunnel (en principe le 15
mai).
NB. A l’époque de la rédaction de
ces lignes (novembre 1988), il semble que certains retards aient été pris dans
les travaux de construction (12 semaines du côté français et de 5 à 6 semaines
du côté britannique).
Les entrepreneurs
chargés de creuser les trois tunnels ont connu des difficultés dues au terrain
et au réglage des tunneliers. Les Britanniques ont creusé 3,9 km au lieu des
5,1 km prévus (tunnel de service), tandis qu’en France, c’est la galerie vers
la mer qui est en retard (400 m au lieu d’1 km) mais la galerie vers
l’intérieur des terres est en avance (580 m au lieu de 450 prévus). Notons toutefois
que le tunnel français vers la mer avance maintenant au rythme régulier de 60 à
70 m par semaine.
Malgré tout,
l’ouverture du tunnel reste prévue pour le printemps 1993 et la Direction
d’Eurotunnel n’envisage pas de revoir son calendrier avant la fin de l’année
1989.
2ème PARTIE
CONSTRUCTION ET FONCTIONNEMENT
2ème PARTIE - CONSTRUCTION ET FONCTIONNEMENT
I. CONTRAT DE CONSTRUCTION
Le 16 août 1986, un contrat de construction a été signé
avec Trans Manche Link (TML), un groupement formé de dix grands constructeurs
français et britanniques, promoteurs d’origine du projet.
Pour les travaux et les fournitures, Trans Manche Link
adjugera des marchés en sous-traitance avec appels d’offres, en particulier
pour la fourniture et l’installation des matériels ferroviaires.
Selon le contrat de construction, TML s’engage à procéder
à des appels d’offres pour au moins 30 % du montant total du projet, suivant en
cela certaines directives de la CEE, notamment par la publication au journal
officiel des Communautés européennes des appels d’offres dépassant un montant
d’un million d’Ecus (43 millions de FB).
II. CARACTERISTIQUES DES
TUNNELS
VOIR FIGURES 3 ET 4
A. Description
Le Lien fixe comportera trois galeries principales :
·
Deux tunnels ferroviaires unidirectionnels de 7,60 m de
diamètre distants de 30 m et interconnectés par 2 traversées de jonctions. Le
système pourra ainsi être maintenu en service en cas de fermeture de l’une des
sections.
·
Une galerie centrale de service, de sécurité et de
ventilation de 4,80 m de diamètre reliée aux deux précédentes par des rameaux
de communication et de pistonnement. Seuls des véhicules électriques pourront
circuler dans cette galerie. Espacés tous les 375 m, les rameaux de
communication assurent et permettent l’intervention des équipes de maintenance
ou l’évacuation éventuelle des passagers des tunnels principaux vers la galerie
centrale. Les rameaux de pistonnement relient les tunnels tous les 250 mètres
pour assurer une certaine décompression au passage des convois de sorte qu’avec
un effort de pénétration moindre, ceux-ci consommeront moins d’énergie.
Le Lien fixe reliera Coquelles - Frethun (près de Calais)
en France à Cheriton (entre Douvres et Folkestone) au Royaume-Uni, sur une
distance d’une cinquantaine de kilomètres dont 3,7 sous le sol français, 9 km
sous le sol anglais et 37 km sous la Manche à une profondeur de 25 à 40 m sous
le fond de la mer.
FIGURE N° 3 ET 4
B. Type de
navettes
Tous les types de véhicules : voitures, autocars, motos,
caravanes, camions..., pourront emprunter l’Eurotunnel à bord de navettes
ferroviaires spécialement conçues à cet effet (voir figure n° 5). Les navettes
auront des dimensions inusitées, très supérieures au gabarit ferroviaire
européen, 4 m de large et 5 m de haut et seront de trois types :
·
A double plancher pour les voitures particulières
(capacité de 100 voitures de moins de 1,85 m de hauteur pour une rame de 13
wagons);
·
A plancher unique pour les autocars, caravanes, minibus
(capacité de 50 voitures et 12 autocars de moins de 4,2 m de hauteur).
·
A plancher unique pour les camions (wagons d’une
longueur de 21 mètres et adaptés au gabarit d’un poids lourd de 44 tonnes de
moins de 4,2 m de hauteur). Une navette exclusivement “poids lourds” pourra
transporter un camion par wagon et sera composée de 25 wagons.
Ces trains spéciaux feront la navette en circuit fermé
d’un terminal à l’autre et seront composés de wagons du même type ou d’une
combinaison de wagons de type différent.
Eurotunnel disposera à cet effet d’un parc de 40
locomotives électriques, de 4 locomotives diesel, de 150 wagons à double
plancher, de 120 wagons à plancher unique et de 244 wagons “poids lourds”
également à plancher unique.
Eurotunnel
assurera, en alternative avec les navettes, le passage de trains directs
(de voyageurs et de marchandises) des compagnies nationales de chemin de fer;
50 % de la capacité du tunnel sera réservée à ce trafic.
Les navettes circuleront à la vitesse de pointe de 160
km/h (vitesse moyenne de 117 km/h), la traversée durera moins de 30 minutes et
le trajet des navettes d’un terminal à l’autre 35 minutes.
La vitesse maximum des trains directs n’a par contre pas
encore été définie.
Eurotunnel fonctionnera toute l’année 24 heures sur 24. La
fréquence du service lui permettra d’absorber un flux de trafic équivalent à
celui d’une autoroute.
Aucune réservation ne sera nécessaire pour utiliser
Eurotunnel, les véhicules y accéderont par l’un des deux terminaux, où ils
franchiront les points de péage, de police et de douane. Les formalités de
police et de douane des deux pays seront groupées et effectuées une fois pour
toutes au départ. Les conducteurs conduiront ensuite eux-mêmes leur véhicule à
bord des navettes sans autres formalités (voir figure n°5). Pendant la
traversée, les passagers pourront sortir de leur véhicule s’ils le souhaitent;
les navettes seront en effet, des véhicules clos, éclairés, ventilés et
insonorisés. Du personnel au service des passagers sera présent dans les
navettes et sera formé pour faire face aux situations d’urgence.
FIGURE N° 5
Les trains seront à traction électrique et la puissance
nécessaire prélevée sur les réseaux français et anglais.
En cas de défaillance d’un des systèmes d’alimentation, un
seul des réseaux sera capable de subvenir aux besoins globaux en électricité
des tunnels.
Bien que la capacité du système autorise des fréquences
plus élevées, il est prévu à l’ouverture en 1993, d’assurer aux heures de
pointes, dans chaque sens, un départ toutes les 10 à 12 minutes pours les
navettes “passagers” et un départ toutes les 15 minutes pour les navettes “fret”.
Un service horaire minimum sera assuré aux heures creuses de la nuit.
A ceci s’ajoutera le trafic des trains directs entre le
Royaume-Uni et le continent. Eurotunnel a prévu à l’ouverture, le passage de 10
trains de voyageurs et de marchandises par heure, dans chaque sens.
La comparaison sur le plan du temps de traversée entre le
tunnel en 1993 et la situation actuelle est la suivante.
TABLEAU N° 1 - Comparaison des temps de traversée (en
minutes)
_____________________________________________________________________________________
Ferry Aéroglisseur tunnel
actuel (Hovercraft) 1993
_____________________________________________________________________________________
Traversée proprement dite 85 35 35
Temps total en comptant accès urbain,
formalités, chargement et
déchargement 165 110 70 (1)
_____________________________________________________________________________________
(1) Il s’agit d’une
estimation d’Eurotunnel qui semble être un
minimum.
Il y aurait lieu de compter au moins 80 minutes pour le
temps total.
En conclusion, le gain de temps procuré par le tunnel
pourrait quand même être de 85 minutes par rapport aux ferries actuels.
Une inconnue subsiste néanmoins quant au temps réellement
nécessaire pour l’accomplissement des formalités douanières. En effet, il peut
paraître paradoxal de parler de contrôle de frontières alors qu’Eurotunnel doit
être mis en service après la date prévue pour la mise en place du marché unique
européen; pourtant les incertitudes qui planent sur cette échéance et sur ses
conséquences obligent Eurotunnel à envisager un système souple et évolutif.
FIGURE N° 6
Des problèmes ne se poseront pas pour les trains-navettes
(appartenant à Eurotunnel) et construits spécialement pour circuler en circuit
fermé entre les deux terminaux, mais bien pour les futurs trains directs entre
le Royaume-Uni et le continent, trains de voyageurs (TGV) et trains de
marchandises.
En effet le gabarit des trains est inférieur au
Royaume-Uni (voir figure n° 6) et le système d’alimentation électrique est
différent (3ème rail au Royaume-Uni). L’adaptation du gabarit anglais au
gabarit continental nécessiterait d’énormes investissements : ponts, tunnels,
quais à aménager...
C’est pourquoi des études se poursuivent actuellement pour
mettre au point des wagons spéciaux tant de voyageurs que de marchandises
(études des sociétés de chemin de fer, d’Intercontainer...)
En ce qui concerne plus spécialement le TGV, destiné aux
seuls voyageurs, la SNCF, les British Rail et la SNCB ont d’ores et déjà mis au
point les spécifications d’un train à grande vitesse polyvalent et compatible
avec les infrastructures continentales et britanniques et répondant aux normes
de sécurité particulières imposées par Eurotunnel pour le passage des trains
sous la Manche.
D’autre part une incertitude demeure quant à la
possibilité d’emprunter le tunnel par les marchandises dangereuses.
Il semble que l’on se dirige vers la solution suivante :
·
une liste de marchandises hautement dangereuses
totalement interdites;
·
une liste de marchandises moyennement dangereuses pour
lesquelles serait fixé un cahier des charges très précis quant aux normes de
sécurité, par exemple interdiction de croiser un train ou une navette de
voyageurs pendant la traversée; le concessionnaire évaluant au cas par cas
l’intérêt d’accepter ces contraintes ou de refuser la traversée de la
marchandise.
De toute façon il semble impensable que, par exemple, un
train complet de wagons citernes remplis d’essence emprunte le tunnel.
III. SECURITE DANS LE
TUNNEL
Les deux tunnels ferroviaires sont unidirectionnels ce qui
évite tout risque de collision frontale. La voie ferrée est par ailleurs
bordée, de chaque côté, de plates-formes (pour permettre aux voyageurs de
descendre en cas de nécessité); dans l’hypothèse d’un déraillement, le train ne
pourrait pas se renverser.
Les trains circulant à l’intérieur des tunnels seront
freinés automatiquement en cas de dépassement de la vitesse maximum autorisée.
La sécurité des circulations sera assurée par un système
de signalisation en cabine similaire à celui en service sur les lignes TGV
actuelles.
Les trains seront en liaison constante, par radio UHF,
avec les postes de commandement installés sur chaque côté de la Manche. Toutes
les données nécessaires à l’exploitation des trains et à la gestion des
équipements électroniques seront transmises par un réseau de câbles à fibres
optiques.
Il est envisagé, à terme, de recourir à la conduite
automatique. La galerie de service, reliée aux tunnels principaux tous les 375
m. constitue une zone de sécurité et de refuge totalement autonome sur les 50
km du parcours. En cas d’incidents, les passagers seront évacués dans cette
galerie grâce aux branches de liaison équipées de sas étanches. Ils seront soit
pris en charge par des véhicules électriques circulant dans cette galerie, soit
dirigés vers le deuxième tunnel où une navette les attendra. Le personnel
d’Eurotunnel veillera au confort et à la sécurité des passagers; il s’assurera
aussi que les règles élémentaires sont respectées : interdiction de fumer, de
mettre en marche le moteur avant l’arrêt du train, ... D’une façon générale, le
personnel d’Eurotunnel sera formé de façon très approfondie, notamment
vis-à-vis de la sécurité et il sera, bien entendu, bilingue.
Tout le système sera doté des dispositifs, les plus
perfectionnés de contrôle électronique, de lutte anti-incendie, de liaison
radio et vidéo.
A noter que les opposants au tunnel et plus spécialement
les opérateurs de ferries (association Flexilink) sont plus que sceptiques sur
les problèmes liés à la sécurité à l’intérieur du tunnel.
Ils estiment que pas mal de ces problèmes n’ont pas été
résolus d’une manière satisfaisante et qu’ils mettent par conséquent en danger
les futurs utilisateurs des navettes.
Ils relèvent entre autres la construction de portes
coupe-feu dans les navettes, le “design” et la conception de ces navettes, les
conditions à l’intérieur du tunnel (température, humidité et ventilation) et
les mesures prises en cas d’incendie.
On pourrait y ajouter les risques provoqués par des actes
de piratage !
Cependant, et en ce qui concerne la sécurité, les
gouvernements français et britanniques, ont mis en place une “Safety Authority”
à laquelle le concessionnaire soumet chaque mesure prévue en la matière.
IV. CONSTRUCTION DES
TUNNELS
A. Introduction
Le projet Eurotunnel bénéficie d’un atout extrêmement
avantageux, puisqu’il a été possible de choisir un “terrain favorable” pour
tracer la quasi - totalité des 50 km de la future liaison souterraine, ce qui
est extrêmement rare en matière de travaux souterrains, (où l’on subit
généralement des contraintes géologiques incontournables) et sans précédent
pour des ouvrages de grande longueur.
B. Travaux
préparatoires
Certains travaux ont déjà été réalisés tel que :
·
La construction de chaque côté de la Manche d’usines de
préfabrication de “voussoirs” destinés au revêtement des tunnels;
·
A Sangatte (France), la construction d’un puits d’accès
aux têtes des galeries de forage d’un diamètre de 55 m et d’une profondeur de
60 m.;
·
A Cheriton (Royaume-Uni) la construction d’un tunnel
d’approche et d’un puits d’accès de 10 mètres de diamètre.
N.B. : Ces puits
d’accès ont pour rôle d’acheminer le matériel de forage jusqu’aux têtes des
galeries;
·
La fabrication et la livraison de 11 tunneliers, 5 du
côté français et 6 du côté britannique.
C. Travaux de forage
Le forage de la galerie de service a commencé en
premier lieu des deux côtés de la Manche. Cette galerie servira de galerie
pilote pour les deux tunnels principaux. Le forage des deux tunnels principaux
se fera en même temps en France et au Royaume-Uni. Comme on l’a signalé
précédemment les travaux ont pris un certain retard.
D. STOCKAGE DES DEBLAIS
Les travaux de creusement vont fournir
approximativement 6,5 millions de m3 de déblais, 4 millions de m3 côté
Royaume-Uni et 2,5 millions de m3 côté France. Les déblais seront employés
suivant leur provenance.
A Shakespeare Cliff (entre Folkestone et Douvres), on
envisage une plate-forme gagnée sur la mer pour réaliser une plus grande
surface utilisable afin de répondre aux besoins des chantiers de creusement.
Le réemploi des déblais à évacuer à proximité du point
d’où ils sortent du sol minimisent les problèmes d’environnement liés à leur
transport .
A Sangatte (près de Calais), les matériaux excavés par
les tunneliers sont évacués principalement sous forme de béton de craie à
l’aide de pompes à piston, depuis le fond du puits.
Leur dépôt se fait à proximité, au lieu-dit “Fond
Pignon”, à l’abri d’une digue de retenue; après consolidation, un aménagement
paysager est prévu.
V. CONSTRUCTION DU MATERIEL
FERROVIAIRE
Les travaux de construction débuteront mi 1989 et
s’achèveront en principe en 1992. La conception et le “design” de ces navettes
font l’objet de recherches sur :
·
La stabilité;
·
Le mode de chargement et d’arrimage des véhicules à
l’intérieur des wagons;
·
La sécurité...
Des décisions ont déjà été prises quant au niveau sonore
des trains et navettes, au niveau du CO2 et autres gaz provenant des véhicules
durant les opérations de chargement et de déchargement.
Quant à la conception même des navettes, il est prévu que
celles-ci soient d’une longueur de 750 m
pour les “passagers” et 485 m pour le “fret”.
Eurotunnel a lancé récemment des appels d’offres pour le
matériel roulant. Le premier concerne les bogies dont la taille, le poids, la
vitesse et la stabilité sont à l’étude chez Alsthom, Fiat, Man, ABB et Kawasaki
jusqu’au printemps de 1989. D’autres appels d’offres portent sur les voitures
et les motrices; on y retrouve à peu près les mêmes sociétés auxquelles se sont
joint par exemple la “Brugeoise et Nivelles”; comme prévu la signalisation et
la conduite automatique des navettes ont été mises à l’étude. Les commandes
d’équipement et de matériel roulant seront décidées en mars 1989 et, parmi les
fournisseurs possibles, on trouve des entreprises belges spécialisées.
Pour l’exploitation des trains directs, Intercontainer et
les sociétés de transports ferroviaires étudient actuellement la possibilité
de construire un wagon “multifret”. Ce type de matériel pourra transporter des
conteneurs de 8 pieds 6 pouces de hauteur (2,6 m.) au Royaume-Uni, selon les
contraintes actuelles du gabarit, et des conteneurs de 9 pieds 6 pouces de
hauteur (2,9 m.) ailleurs en Europe. Pour ce faire il s’agit bien entendu de se rapprocher le plus possible des
rails, donc au moyen de wagons surbaissés comportant des roues à diamètre
réduit.
VI. CONSTRUCTION DES
TERMINAUX
Le terminal français de Frethun occupera 480 hectares et
le terminal britannique de Cheriton 140 hectares (voir figures n° 7 et 8).
Les travaux préliminaires ont débuté fin 1987 et les
travaux de génie civil proprement dit début 1988.
Du côté britannique les conditions géographiques ne
permettent pas de construire un terminal plus étendu et un terminal
supplémentaire devrait être construit à Ashford.
Les terminaux comprendront les infrastructures
ferroviaires et routières nécessaires au fonctionnement de l’ensemble du
système. La bretelle ferroviaire de chaque terminal prendra la forme d’une
boucle destinée aux navettes (circulant en circuit fermé) avec un raccordement
permettant l’accès au tunnel des trains directs en provenance des réseaux
ferroviaires nationaux.
Chaque terminal disposera d’une zone de service comprenant
des magasins ainsi que des cabines de péage et des postes de contrôle des
douanes et des polices des frontières.
VII. CONCLUSION
La construction du tunnel semble avoir pris certains retards.
Le 25 août 1988 Eurotunnel a mis en garde TML (le constructeur) devant
l’accumulation des retards.
Des échéances intermédiaires sont d’ailleurs prévues dans
le contrat Eurotunnel/TML.
Prochainement des indemnités sévères pourraient être
exigées à TML par Eurotunnel et certaines sources avancent le chiffre d’un
million et demi de FB par jour de retard !
FIGURE N° 7 ET 8
3ème PARTIE
FINANCEMENT DU PROJET
3ème PARTIE - FINANCEMENT DU PROJET
I. LA SOCIETE EUROTUNNEL
VOIR FIGURE N° 9
“Parité et solidarité sont à la base de tous les accords
et contrats d’Eurotunnel. La concession accordée à Eurotunnel lui impose
l’obligation de concevoir, financer et construire , puis exploiter la liaison
transmanche, tout en organisant la solidarité des deux concessionnaires
français et britannique. La concession exige d’eux la mise en place d’une
organisation intégrée et le partage égal des recettes et des dépenses. Ces
exigences, qui découlent du caractère binational du projet, ne sont que le
reflet de la complexité d’une société en participation à l’échelle de deux
pays” (P. Durand - Rival, Directeur Général d’Eurotunnel).
Le tunnel sera donc construit et exploité par Eurotunnel,
société en participation créée entre les 2 sociétés concessionnaires française
et britannique : France-Manche et Channel tunnel Group (CTG), les 2 sociétés
étant elles-mêmes filiales respectives (à 100 %) des sociétés Holding : Eurotunnel S.A., côté français, et
Eurotunnel P.L.C., côté britannique. Les actions Eurotunnel S.A. et Eurotunnel
P.L.C. sont groupées en “unités” indissociables. Cette structure est totalement
unifiée et intégrée au sein de la société Eurotunnel qui réunit Français et
Britanniques en une seule équipe sous la conduite d’une direction générale
unique.
La Belgique devait être présente dans ce grand projet
d’infrastructure à caractère européen déterminant pour l’économie belge.
La société belge Tractebel a signé, en avril 1986, un
contrat d’ingénierie pour la partie électromécanique en sous-traitance de
Setec, consultant français.
La S.A. Belgamanche créée le 19 juin 1986 sur l’initiative
de la Société Générale de Belgique (via Tractebel) et de la Société Nationale
d’Investissement (SNI) qui en détiennent chacune la moitié du capital (650
millions de FB) s’est associée financièrement au projet de liaison fixe
transmanche proposé par Eurotunnel.
Le Président de Belgamanche siège au conseil
d’administration d’Eurotunnel depuis le 20 octobre 1986 au côté de 7
Britanniques et de 6 Français.
Il semble d’ailleurs depuis le début de la construction du
tunnel que les Belges ont joué un rôle non négligeable en servant
d’intermédiaires entre les 2 partenaires principaux, français et anglais.
FIGURE N° 9
LE FINANCEMENT
II.Note préliminaire
Dans un souci
d’uniformité et, afin de se faire une idée plus juste de l’ampleur du projet,
les montants repris ci-après ont été convertis en FB (cours moyen fin novembre
1988). Il convient donc de prendre ces chiffres avec des réserves vu
l’évolution des différentes monnaies.
Le financement de ce projet sera entièrement assuré par
les fonds propres de la société Eurotunnel et par le recours à l’emprunt. Cela,
sans aucune aide directe ou indirecte, ni garantie des Etats concernés. C’est
la rentabilité propre de l’investissement qui devra permettre de rémunérer des
actionnaires, et de rembourser le capital emprunté et les intérêts
correspondants.
La construction du tunnel sous la Manche représente un
investissement d’environ 323 milliards de FB (estimation d’octobre 1988).
Le coût est d’environ 7 % supérieur aux chiffres publiés
fin 1987. Cette progression est attribuée en grande partie “au souci
d’amélioration des services qui seront fournis au public, (...) au renforcement
des équipes de direction du projet, aux dépassements budgétaires réels et
prévisionnels, enfin à une provision budgétaire pour rattraper les retards
enregistrés sur les premiers travaux de forage”. Il faut noter que tout
dépassement d’échéance poserait inévitablement des problèmes financiers !
Pour couvrir le besoin total de financement, la société
Eurotunnel a mobilisé les ressources suivantes :
_______________________________________________________________________
·
Fonds propres 61 milliards de FB - Emprunts 245
milliards de FB
_______________________________________________________________________
Ces ressources sont complétées par un crédit “stand by” de
61 milliards de FB .
1. Constitution
des fonds propres
Le montant du capital de la société (61 milliards de FB)
représente 20 % du montant total des besoins financiers; cet engagement de
l’actionnariat constitue une solide garantie pour le syndicat des banques qui a
accordé le prêt de 245 milliards de FB (+ 61 milliards de crédit stand
by).
Ce capital a été levé en 3 tranches.
·
La première levée : le capital souscrit par les
actionnaires fondateurs (mai 1986) “Equity one” ou “Capital I”
Le premier apport des actionnaires fondateurs s’est
élevé à 2,8 milliards de FB. Il s’est effectué sous forme d’apports en
numéraire et d’apports en nature. Les actionnaires fondateurs sont au nombre de
15. Côté français ce sont 5 entreprises de bâtiment et travaux publics, parmi
les plus grandes au niveau européen et mondial : Bouygues S.A., Dumez S.A.,
Société Auxiliaire d’Entreprise S.A. (SAE), Société Générale d’Entreprises S.A.
(SGE), Spie-Batignolles S.A. et 3 banques, le Crédit Lyonnais, la Banque
Nationale de Paris (BNP) et la Banque Indosuez.
Côté britannique ce sont également 5 entreprises de
bâtiment et de travaux publics, les plus importantes du pays : Balfour Beatty
Construction Limited, Costain United Kingdom Limited, Tarmac Construction
Limited, Taylor Woodrow Construction Limited, Wimpey International Limited, et
deux banques, la National Westminster Bank P.L.C., ainsi que la Midland Equity
United Bank.
·
La seconde levée : le placement de 12,6 milliards de FB
d’actions auprès des investisseurs institutionnels (octobre 1986) “Equity two”
ou “Capital II”.
Cinq banques (Indosuez, BNP, Crédit Lyonnais, Robert
Fleming and Co, Morgan Grenfill) ont été chargées de procéder en octobre 1986,
au placement auprès d’investisseurs institutionnels des actions de cette
seconde tranche. Ce placement s’est effectué sous forme d’unités comprenant
une action d’Eurotunnel S.A., au prix de 120 FF - environ 730 FB - et d’une
action d’Eurotunnel P.L.C. au prix de 12 £ - environ 800 FB - (comme il
n’existe pas de statut de société européenne, deux sociétés distinctes ont été
créées, Eurotunnel S.A. et Eurotunnel P.L.C., qui ont émis un produit original
sur le marché financier, l’unité se compose de 2 actions, chacune spécifique de
la législation financière en vigueur dans les deux pays concernés).
Un total de 8.583.334 unités a été ainsi placé sur le
marché (soit 35 % en France, 35 % au Royaume-Uni et 30 % dans d’autres pays
dont la Belgique). Le placement a en fait concerné plus de 200 investisseurs
institutionnels.
C’est à cette époque que la société Belgamanche est
intervenue dans le capital d’Eurotunnel (la participation de Belgamanche est
d’un peu moins de 5 % à ce stade de l’évolution des fonds propres
d’Eurotunnel).
La société Belgamanche a été fondée, rappelons-le, par
la Société Générale de Belgique et par la Société Nationale d’Investissement et
leur engagement dans le capital du consortium est assorti de la condition que
certaines parts de fournitures et de travaux soient attribuées à des
entreprises de leurs groupes respectifs.
·
La troisième levée : le placement de quelque 46 milliards
de FB d’actions auprès du grand public (fin 1987) “Equity three” ou “Capital
III”.
Après une intense campagne de publicité, Eurotunnel a
lancé sa troisième levée de capital dans le grand public. Objectif : lever 46
milliards de FB en 15 jours en offrant au public la vente d’unités (actions) au
prix de 35 FF (environ 220 FB).
Ces unités, constituées d’actions jumelées
d’Eurotunnel donnaient droit à l’achat d’actions supplémentaires entre le 15
novembre 1990 et le 15 novembre 1992. Les bons de souscriptions sont côtés à la
Bourse de Paris et au Stock Exchange de Londres, ce qui signifie qu’ils peuvent
être achetés ou vendus librement sur ces marchés. De plus, aux souscripteurs
qui garderont leurs titres jusqu’à la mise en service de l’ouvrage, il sera
consenti des conditions extrêmement intéressantes pour la traversée du tunnel.
Avantages croissants pour les souscripteurs de 100, 500, 1000 et 1500 unités.
L’avantage maximum sera consenti aux propriétaires d’au moins 1500 unités. Il
donnera droit, moyennant un forfait d’environ 100 FF/an (environ 615 FB) et un
tarif de 10 FF (environ 62 FB) le passage à un nombre illimité de voyages
pendant toute la durée de la concession (pour le conducteur, son véhicule, et
ses passagers).
Malgré un marché difficile, très marqué par les
séquelles du krach boursier de la mi-octobre 1987, la souscription des actions
Eurotunnel s’est néanmoins déroulée dans des conditions satisfaisantes. Ainsi
en France, 12 milliards de FB ont été souscrits par les particuliers (sur les
21 milliards proposés), soit près de 200.000 actionnaires privés, ce qui,
compte tenu des avantages tarifaires attachés au titre, constitue un
actionnariat particulièrement stable. Le solde de la tranche française a été
souscrit par de nouveaux investisseurs institutionnels et par les groupes
d’assurances et groupes financiers déjà actionnaires depuis l’origine.
La tranche internationale (3,9 milliards de FB) a été
souscrite en totalité notamment en Belgique, en Arabie Saoudite, au Japon et
aux Etats-Unis. Les Britanniques semblent avoir été un peu plus réticents que
les Français mais au final, l’émission a permis (toutes tranches confondues)
une véritable diversification de l’actionnariat ce qui, compte tenu des
conditions du marché, est un bon résultat, à mettre à l’actif de l’équipe
d’Eurotunnel.
A la clôture de la souscription, 65 % des actions
étaient, en France, aux mains du grand
public contre 35 % aux institutionnels. Au Royaume-Uni la clef de répartition
était exactement inverse.
2. Emprunt
de 306 milliards de FB
Dont 245 milliards de FB de crédit principal pour couvrir
la totalité du besoin et 61 milliards de crédit “stand by”, crédit destiné à
faire face à des circonstances particulières comme des retards, des dépenses
d’investissements supplémentaires non prévues, des frais financiers ou une
inflation plus élevée qu’attendue..., ce crédit est appelé “financement de
projet”, c’est-à-dire sur lequel le prêteur assume les risques liés au projet.
Ces risques doivent être soigneusement évalués à partir de prévisions prudentes
de trafics et de recettes.
La mobilisation d’une telle somme suppose en soi des
techniques financières et des modalités variées et complémentaires, et la
constitution d’un syndicat bancaire d’une exceptionnelle dimension : 198
banques se sont ainsi engagées à fournir tout au long des 6 années de
réalisation du chantier un crédit de 306 milliards de FB à amortir jusqu’en 2005, et à partir de 1993, année
d’entrée en service de l’ouvrage.
Ce syndicat de 198 banques est constitué de banques de
nombreux pays : présence de l’ensemble de la communauté bancaire japonaise,
participation sans exception de toutes les grandes banques britanniques,
importante présence allemande (plus de 36 milliards de FB), belges, italiennes,
scandinaves, et suisses dépassent chacune les 12 milliards de FB; parmi les
banques belges participant au syndicat, citons la Générale de Banque et la
Kredietbank; l’ensemble de la participation belge s’élève à 3,2 % du total.
Le syndicat a été rejoint par la Banque Européenne
d’Investissement, qui à elle seule fournira l’équivalent de 1,4 milliards
d’écus (61 milliards de FB) pendant les 6 ans de la construction du tunnel. Ce
prêt, d’une importance hors du commun pour un projet qui ne l’est pas moins,
sera à rembourser jusqu’en 2017 et à partir de 1999 seulement, soit six ans
après l’ouverture au trafic. Pour expliquer l’ampleur de son concours financier
au projet, la BEI, souligne que celui-ci revêt, “une importance exceptionnelle
pour le développement du réseau européen de transport et que cet ouvrage jouera
un rôle de stimulant pour l’économie européenne”. La BEI précise également que
les Etats membres de la CEE ne fourniront aucun apport de fonds et
n’apporteront aucune garantie à ce projet.
Les fonds de la BEI seront versés dans le cadre
d’arrangements de cofinancement, en association avec le syndicat de banques
internationales. La sûreté des prêts de la BEI sera constituée, jusqu’à ce que
le projet soit achevé de manière satisfaisante, par des garanties accordées par
les banques syndiquées et, ensuite, par un gage sur les actifs et recettes du
projet.
III. PREVISION DE RECETTES
D’EUROTUNNEL.
Eurotunnel compte réaliser plus de 25 milliards de FB de
recettes au minimum, dans la 1ère année d’exploitation par le passage des
trafics routier et ferroviaire et 30,75 milliards de FB au total avec les
revenus des activités de services connexes.
L’évolution des recettes, parallèle à celle du trafic,
sera très régulière : près de 39 milliards de FB en 2003 et plus de 43,75
milliards de FB en 2013 (valeur janvier 1987).
Figure n° 10
Source : “La lettre
du tunnel”, mission Trans-Manche, Lille.
A noter que les dernières estimations montrent que les
consultants ont augmenté leurs estimations de revenus escomptés de
respectivement 6, 10 et 16 % pour 1993/1994, 2003 et 2013. Elles ont été
effectuées par les consultants Setec et Wilbur Smith et recontrôlées par
Prognos, consultant désigné par un groupe de banques suisses
Ces dernières estimations d’octobre 1988 indiquent que les
prévisions de revenus attendus du trafic routier (navettes) font apparaître une
augmentation significative, ceux en provenance des chemins de fer présentent
une légère baisse et les revenus attendus des activités connexes diminuent de
moitié.
Les principales raisons de ces évolutions tiennent entre
autres à :
·
l’augmentation plus importante que prévue initialement
du trafic transmanche;
·
une perspective de croissance plus forte pour
l’économie mondiale et en particulier celle du Royaume-Uni;
·
la suppression probable des ventes hors taxes sur les
liaisons transmanche qui se traduit par une réduction des revenus annexes et
par l’augmentation vraisemblable des tarifs qui seront pratiqués par les
ferries et les compagnies aériennes;
·
les résultats d’une étude détaillée sur les mouvements
de passagers et de fret effectuée sur les douze mois précédant mai 1987. Elle a
permis d’adopter une meilleure approche analytique;
·
la révision des hypothèses des coûts futurs du
transport, en particulier par avion et chemin de fer.
IV. PREVISION DE
RENTABILITE D’EUROTUNNEL
Les prévisions établies en novembre 1986 donnaient les
taux suivants :
·
Les taux de rentabilité interne, calculés sur la base
de la durée de la concession, seraient avant impôt d’environ 17 % et de 14,1 %
après impôt, et le taux de rentabilité sur le cash flow après service de la
dette devrait atteindre 18 %.
·
Le taux de rentabilité annuel moyen des dividendes
devrait être de 17 %, avoir fiscal compris, pour les souscripteurs de l’offre
publique de décembre 1987.
A noter qu’aucun dividende ne pourra être escompté avant 1995 !
V. ACCORDS FERROVIAIRES
Un accord est intervenu entre les promoteurs du tunnel
sous la Manche et les chemins de fer français et britanniques. Eurotunnel a
annoncé qu’il s’était mis d’accord avec la SNCF et les British Railways sur les
conditions d’utilisation du tunnel. Les compagnies de chemin de fer auront un
droit d’utilisation de 50 % de la capacité pendant la période de concession.
Les 50 % restants seront réservés aux navettes dont Eurotunnel assumera
l’exploitation.
La SNCF et British Rail ne feront pas de règlements
anticipés pour l’usage du tunnel mais se sont engagées à verser des droits de
redevance pendant les 12 premières années de la concession et à s’acquitter
chaque mois, sur la base d’un calcul annuel, d’une redevance minimale. Son
montant dépendra de l’achèvement du TGV Nord.
Les réseaux de chemins de fer ont accepté une évolution
temporaire des péages plus favorable au concessionnaire, ce qui conjugué avec
une amélioration des prévisions de trafic, procurera à Eurotunnel les
ressources nécessaires pour lui permettre de mobiliser les capitaux dans de
bonnes conditions. Les tarifs des péages des deux réseaux devraient être
adaptés en fonction de l’inflation avec un léger abattement de 1,1 % par an.
Enfin les sociétés ferroviaires seront intéressées aux
bons résultats financiers d’Eurotunnel qui table sur plus de 25 milliards de FB
de recettes dès 1993 (considérée comme une année complète d’exploitation).
A partir de la 4ème année d’exploitation, si la
rentabilité dépasse un certain seuil, le cash flow dégagé par la société
concessionnaire servira en partie à réduire les péages versés par les deux
sociétés ferroviaires. Dans une limite représentant 20 % des redevances
ferroviaires, les excédents devraient être partagés pour moitié entre
Eurotunnel et les deux sociétés ferroviaires.
Parallèlement à ces accords, il était également
indispensable puisque deux réseaux étaient directement concernés, British Rail
et SNCF, que ceux-ci passent entre eux des accords de partage de recettes pour
leur permettre d’évaluer avec une approximation suffisante les perspectives de
rentabilité de leurs investissements respectifs.
Ces accords particuliers entre les deux réseaux instituent
une sorte de partenariat incitatif puisque les partages de recettes convenus
sont directement liés à la qualité des performances réalisés sur les deux
réseaux et que des pénalités sont prévues pour le réseau qui serait défaillant
du point de vue de la capacité des installations nécessaires.
VI. CONCLUSION
Les dirigeants d’Eurotunnel ont, en octobre de cette
année, confirmé leur optimisme malgré les retards pris par les travaux.
En ce qui concerne les engagements financiers, les
dépenses d’Eurotunnel s’effectuent conformément au plan prévu. Elles approchent
maintenant l’équivalent de 50 milliards de FB.
La société va commencer de “tirer” sur ses crédits
bancaires avec un premier tirage de 13 milliards de FB de façon à couvrir les
besoins jusqu’à la fin de l’année en cours (1988).
A noter également que plusieurs journaux spécialisés ont
communiqué que ces dernières semaines (fin novembre 1988) le titre d’Eurotunnel
était fortement demandé, principalement à la Bourse de Paris. Il semble que des
études très favorables sur ce titre réalisées récemment par plusieurs sociétés
de bourse expliqueraient le regain d’intérêt pour les investisseurs.
En cette fin novembre 1988, le titre Eurotunnel a remonté
alors qu’il avait enregistré une baisse en septembre et, il semble que tout
dernièrement, de nombreuses actions ont changé de main. La répartition des
actions entre le grand public et les investisseurs institutionnels a peut être
été modifiée ces dernières semaines ?
4ème PARTIE
LES INFRASTRUCTURES
4ème PARTIE - LES INFRASTRUCTURES
I. INFRASTRUCTURES DE
RACCORDEMENT
A. LES TERMINAUX
1. Etudes en cours
Bien que les travaux de terrassement soient déjà bien
avancés sur les sites des deux terminaux, pas mal de problèmes restent à
régler.
2. Terminal
britannique
·
Situation (voir figure n° 11)
Le terminal est situé à Cheriton près de Folkestone
et occupera 140 hectares.
·
Accès routier
Le principal accès sera une liaison directe entre le
terminal et l’autoroute M20.
·
Accès ferroviaire
Le terminal sera relié à la ligne Londres -
Folkestone - Douvres.
·
Implantation du terminal (voir figure n° 12)
A l’entrée du terminal, les trafics seront séparés
selon leur nature (voitures - cars - caravanes et poids lourds). Aucune
réservation ne sera nécessaire.
Après avoir acquitté le péage et subi les contrôles
douaniers, les véhicules embarqueront avec leurs passagers par le côté des
navettes et poursuivront vers l’avant de la rame jusqu’à leur emplacement.
N.B. : L’emplacement du terminal de Cheriton est limité par des
contraintes géographiques. Pour cette raison les Britanniques prévoient de
construire à Ashford (à une dizaine de kilomètres du terminal) une plate-forme
multimodale de dédouanement de 68 hectares (I.C.D. - Inland Clearance Depot)
destinée au dédouanement des marchandises importées par la route.
Figure n° 11 - Situation du terminal anglais
Figure n° 12 - Implantation du terminal anglais
3. Terminal français
·
Situation (voir figure n° 13)
Le terminal est situé à Coquelles (Frethun), soit à environ
1 km au sud de Calais et occupera 480 hectares.
·
Accès routier
Il sera relié à la rocade littorale ou RN1 (voir
figure n° 16) ainsi qu’à l’autoroute Paris - Calais (A26).
Une liaison entre la RN1 et l’A26 sera construite.
·
Accès ferroviaire
Le terminal est situé à proximité de la ligne Calais
- Boulogne.
·
Implantation du terminal (voir figure n° 14)
Pour les passagers la situation est similaire au
terminal britannique.
Le terminal français est néanmoins plus étendu et
toutes les opérations relatives au transport de marchandises y seront également
effectuées.
4. Conclusion
Les premiers travaux concernant la construction des
terminaux ont débuté.
La conception globale de ces derniers est décidée
mais il reste de nombreux points à éclaircir (centre de dédouanement d’Ashford
?, liaisons définitives avec les réseaux autoroutiers et ferroviaires ?...).
A noter que ces terminaux concernent principalement
le trafic des navettes d’Eurotunnel. D’autres terminaux seront construits directement
par les sociétés ferroviaires concernées, les British Rail et la SNCF, pour le
trafic de trains directs. C’est ainsi que l’on peut prévoir au Royaume-Uni la
construction du terminal supplémentaire d’Ashford dont on a déjà parlé, le
développement des installations de la gare Londonienne de Waterloo et en
France, le développement de la gare de Paris-Nord.
Figure n° 13 - Situation du terminal français
Figure n° 14 - Implantation du terminal français
B. Les infrastructures
routières
VOIR FIGURE N° 15.
1. Royaume-Uni
·
“M20” Folkestone - Ashford
Maidstone - Ring de Londres
Manque 15 km entre Ashford et Maidstone. Cette
liaison est au stade d’un projet avancé avec une participation financière éventuelle
de la CEE (cofinancement ?).
·
“M2”
Canterbury - Londres
Autoroute terminée jusque Rochester, après voie rapide
vers le Ring de Londres.
·
Liaison entre la “M2” et la “M20”
Un projet d’amélioration de la “A260” (entre Folkestone et
Canterbury) existe; ces travaux sont destinés à l’amélioration de la liaison
entre le terminal du tunnel et le réseau autoroutier vers l’Est de Londres,
voire au-delà vers l’Ouest et le Nord du pays depuis l’achèvement du Ring de
Londres (“M 25”). Ce projet pourrait être aidé par la CEE.
· Conclusion :
Tous les travaux mentionnés ci-dessus sont “en cours” ou
au stade de “projet avancé”.
Seront-ils terminés pour 1993 ?
2. France
·
“A26”
Calais - Arras reliée à l’”A2” vers Paris.
Cette autoroute à péage s’arrête à 20 km de Calais (à
Nordausques).
Il manque donc actuellement le tronçon vers Calais et le
terminal français du tunnel.
Le tronçon Nordausques - Calais devrait être terminé en
1989.
Ces travaux (prolongement de l’”A26” jusque Calais et
terminal du tunnel) devraient être terminés à temps (Plan Routier Transmanche).
La construction des voies d’accès au terminal français du
tunnel sera entreprise directement par Eurotunnel.
·
“A25”
Lille - Dunkerque
Autoroute actuellement sans péage et terminée.
Figure n° 15
- Infrastructures autoroutières
européennes liées au lien fixe transmanche
Figure n° 16 - Rocade littorale
·
“ROCADE LITTORALE ENTRE LE LIEN FIXE TRANSMANCHE ET LA
BELGIQUE”
“RN1” - voir figure n° 16
Pour les autorités françaises la construction de cette
voie expresse de Boulogne à la frontière belge via Calais et Dunkerque répond
à trois objectifs :
·
Offrir aux usagers du futur Lien fixe, des
infrastructures à niveau de service élevé;
·
Saisir l’opportunité de la construction du tunnel pour
développer le courant d’échanges entre le Nord et le Sud de l’Europe par la
réalisation de l’axe routier Dunkerque-Bayonne;
·
Améliorer la compétitivité des ports de la côte
Nord-Ouest en améliorant les liaisons en direction du Lien fixe, du Nord de la
France et de la Belgique.
Les autorités françaises estiment que l’attractivité du
tunnel sous la Manche sera fortement dépendante des facilités de circulation
sur cette Rocade littorale,qui seront donc, à leurs yeux, impératives pour ne
pas déprécier les gains de temps permis par le tunnel.
De la frontière belge à Boulogne, les dossiers de prise en
considération des opérations, composant la future Rocade littorale et qui en
déterminent la partie globale d’aménagement, sont achevés.
La Rocade littorale (RN1) sera ainsi une voie express à
2x2 voies, dont tous les échanges seront dénivelés. Elle passera à 2x3 voies
dans les traversées de Dunkerque et de Calais.
Ses principaux ancrages sur le réseau existant se
situeront :
·
A la frontière belge, par un raccordement au réseau
autoroutier belge desservant Veurne et Oostende (pour autant que cette liaison
soit terminée, voir plus loin);
·
A Dunkerque où s’offrira le débouché de l’A25 vers
Lille;
·
A l’entrée Est de Calais où se rejoindront la Rocade
Est, desserte du port, la Rocade littorale et l’autoroute A26 débouché vers
l’Europe du Sud-Est;
·
A Coquelles, bien entendu, échange avec le terminal du
tunnel et donc accès vers le Royaume-Uni.
L’ensemble des études, procédures et travaux sont
actuellement menés dans le souci de rendre techniquement possible l’ouverture
de la Rocade littorale en 1993. La CEE pourrait également intervenir dans le
financement de la Rocade.
Cette liaison routière est, évidemment, très importante
pour la Belgique. Les travaux devraient débuter à la mi 1989 mais il semble que
des retards commencent à être pris et que les estimations initiales soient
revues à la hausse... Une aide financière de la CEE devrait également être
obtenue.
Cette liaison est entièrement nouvelle et on peut se
demander si elle sera terminée à temps. Certaines personnes de la région Nord -
Pas de Calais semblent en douter.
Les autorités françaises ont également d’autres projets
autoroutiers très ambitieux. Par exemple la liaison par l’”A26” du terminal
français à Dijon (via Reims). La réalisation de cette liaison (quand ?),
permettrait de relier le tunnel au Sud-Est de la France donc également à la
Suisse et à l’Italie.
Nous verrons plus loin que le trafic entre le tunnel et le
Sud-Est de l’Europe pourrait plus vraisemblablement s’effectuer via la Belgique
où les “maillons manquants” sont beaucoup moins importants.
3. Belgique
Autoroutes existantes
·
“E19” Bruxelles - Mons - Paris
·
“A14” Anvers - Gand -Courtrai - Lille
·
“A10 - E40” Bruxelles - Oostende
·
“A18” Jabbeke - Nieuwpoort
·
“A8” Bruxelles - Tournai (partiellement).
Tronçons manquants
·
“A18”
Cette autoroute atteindra Veurne à la fin de 1988. Il
restera alors une petite dizaine de kilomètres pour la relier à la “Rocade
littorale française”. Ce tronçon est actuellement au stade de projet
(Intervention financière de la CEE ?).
La réalisation de ce tronçon qui, bien entendu, est lié à
la liaison tunnel - frontière belge (rocade), permettrait de relier directement
le tunnel à Oostende, Zeebrugge, ... Anvers et les Pays-Bas plus rapidement que
par les autoroutes existantes (Anvers - Gand - Courtrai - Lille - Calais).
·
“A8”
L’autoroute (à terminer) entre Bruxelles et Tournai est
très importante pour le futur trafic vers le tunnel. On songe surtout à une
partie du trafic possible entre l’Allemagne et le tunnel.
Deux tronçons de cette autoroute sont actuellement en
exploitation et 18 km en construction; 13 km, près de Tournai seront terminés
fin 1988 et 5 km près d’Enghien, le seront en 1990. Il manque encore un tronçon
de quelques 25 km toujours à l’état de projet.
Les avantages de la réalisation de cette liaison semblent
très importants, citons en les principaux :
·
création d’une liaison directe par autoroute entre
Bruxelles, Lille et le tunnel sous la Manche;
·
dédoublement de la liaison autoroutière Lille - Anvers
(la distance Lille - Tournai - Bruxelles - Anvers est supérieure de 15
kilomètres environ à la distance Lille - Courtrai - Anvers mais le trajet par
Tournai permet d’éviter à Anvers le tunnel sous l’Escaut causant de nombreux
ralentissements);
·
dédoublement de la liaison autoroutière Paris -
Bruxelles (la distance Paris - Bruxelles par Tournai et l’A8 sera la même que
la distance Paris - Valenciennes - Bruxelles à quelques 10 km près).
N.B. : Ce dossier semble s’être
débloqué dernièrement et l’autoroute “A8” pourrait également être achevée à
cause de l’aide de subventions de la CEE.
En outre, il semble
que tous les dossiers d’adjudication et d’extension de marché concernant cette
autoroute seront approuvés et que les crédits nécessaires seront engagés par
priorité.
Les travaux
d’achèvement de l’”A8” seront peut-être accélérés mais Quid de la
communautarisation des Travaux Publics dès janvier 1989 ?
·
“A17”
Liaison entre Tournai et Courtrai
Cette liaison est actuellement “au point mort” pour des
raisons d’équilibre communautaire : monnaie d’échange entre les régions
flamande et wallonne, voie rapide Pecq - Armentières.
Où en est-on ? Sur le territoire de la Flandre Occidentale
le tronçon est terminé mais n’est pas encore mis en service. Sur le territoire
du Hainaut, il manque 2,2 km entre Dottignies et Rolleghem.
Tout semble encore bloqué à ce jour et pourtant les
transporteurs et les industriels tant wallons que flamands sont unanimes pour
souhaiter la mise en oeuvre rapide de cette autoroute qui représentera :
·
un contournement par l’Est de Lille - Roubaix -
Tourcoing
·
une liaison directe du Hainaut au Littoral belge et aux
ports belges...
·
“A19”
Liaison entre Courtrai et Veurne, elle est toujours à
l’état de projet.
·
“Autoroutes des Ardennes”
Bruxelles - Arlon et Liège - Arlon
Les maillons manquants de ces deux autoroutes, sautent les
uns après les autres.
La liaison Bruxelles - Arlon sera terminée en décembre
1988. Après cette inauguration, Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg seront
directement reliés par autoroute et la fameuse traversée de Martelange, de
sinistre mémoire, sera en partie éliminée.
Quant à la liaison Liège - Arlon, elle sera
vraisemblablement terminée en 1990.
Le Luxembourg, la Lorraine française, l’Alsace, la
Sarre... seront alors reliés directement, sans péage, tout au moins pour les
trajets belges et luxembourgeois, à Bruxelles, Liège, Charleroi, Anvers, Gand,
...
4. Pays-Bas
Actuellement une liaison autoroutière existe entre
Rotterdam et Calais via Dordrecht - Breda - Anvers - Gand et Bruges (voir
figure n° 17)
Cette liaison a une longueur de 300 km. La figure n°
17 indique que plusieurs autres variantes sont possibles (1) (2) et (3). La
réalisation de ces différentes variantes implique de nombreux travaux et les
autorités néerlandaises marquent actuellement leur préférence pour un tracé
évitant le port d’Anvers (voir n°(3) sur la figure n° 17).
Cependant ce tracé nécessite la construction d’un
tunnel ou d’un pont à Terneuzen ainsi que de nombreux tronçons d’autoroutes. La
distance Rotterdam - Calais serait dans ce cas de 260 km.
Néanmoins, on peut douter que ces travaux seront
terminés pour l’ouverture du tunnel et l’itinéraire utilisé, en 1993, entre
Rotterdam et Calais passerait donc par Anvers.
FIGURE N° 17
5. Grand-Duché de
Luxembourg
Les infrastructures autoroutières existent vers la
France (la Lorraine) et la Belgique. Une liaison entre le Luxembourg et la
Sarre est au stade de projet.
6. Allemagne Fédérale
Le réseau autoroutier de la RFA est parfaitement
relié au réseau belge et au réseau néerlandais.
Cependant, il ne faut pas perdre de vue un certain
vieillissement de ce réseau. Les autorités fédérales allemandes sont occupées
en de nombreux endroits à rénover (élargir à 2x3 bandes) une partie de leur
réseau.
Néanmoins, il est vraisemblable que, par exemple, le
trafic routier entre la Ruhr et le tunnel utilisera notre réseau autoroutier.
7. Conclusions
Il est évident que la situation géographique de la
Belgique est excellente et que, déjà actuellement, notre réseau autoroutier est
très dense.
Un exemple illustrant l’importance de notre réseau
autoroutier : les liaisons entre la Lorraine française et le Nord de la France.
Le professeur François Reitel de l’Université de Metz explique que des
véhicules allant de la Lorraine du Nord (Metz, Thionville, Longwy), vers Lille
empruntent préférentiellement les autoroutes passant par le Luxembourg et la
Belgique, le tracé ayant selon lui un quadruple avantage :
1. il est plus rapide
que le tracé français;
2. il n’y a pas de
péage sur les autoroutes belges;
3. le prix du
carburant est nettement inférieur;
4. les autoroutes
belges sont éclairées, ce qui rend la conduite plus rapide et plus sûre.
En conséquence, la liaison routière Lorraine - Nord - Pas
de Calais se fait de plus en plus au profit de l’axe autoroutier
luxembourgo-belge.
Nous avons vu que les maillons manquants en Belgique sont
relativement peu nombreux. Il ne reste à souhaiter que les différentes
autorités tant nationales que
régionales lèvent les derniers obstacles. Il n’est pas trop tard, mais il est
temps !
La réalisation des quelques petits tronçons manquants
d’autoroutes dans notre pays permettra à la Belgique de profiter pleinement de
l’afflux de véhicules utilitaires en provenance ou à destination du Royaume-Uni
dès que Le Lien fixe existera.
Il est d’ailleurs vraisemblable qu’en 1993 les trafics en
provenance du Royaume-Uni et à destination de la Lorraine française, du
Luxembourg, de la Sarre, de l’Alsace, du Bade- Wurtemberg, de la Suisse, voire
de l’Italie seront détournés, partiellement, au profit des réseaux autoroutiers
de notre pays, du Luxembourg et de l’Allemagne.
C. Les infrastructures
ferroviaires
VOIR FIGURE N° 18.
1. Royaume-Uni
Les infrastructures ne semblent pas actuellement
devoir faire l’objet d’adaptations de la part des British Rail, pour lever les
contraintes dues a un gabarit en hauteur inférieur à celui du continent, qui
affecte notamment un tunnel entre Douvres et Ashford. En revanche les
Britanniques participent à la définition d’un matériel ferroviaire standard
qui améliorera les compatibilités, principalement pour le transport de
conteneurs.
Les British Rail ont également décidé d’améliorer les
liaisons ferroviaires entre Londres et le terminal anglais du tunnel. Ils
viennent d’autre part de dévoiler (en juillet 1988) un projet de train à grande
vitesse (270 km/h) entre Londres et l’entrée du tunnel sous la Manche dans le
Kent qui ramènerait la durée du trajet entre Londres et Paris à environ 2h30 et
le trajet Londres - Bruxelles à 2h20 à la fin du siècle.
Ce projet, inclus dans un programme d’investissements
d’environ 67 milliards de FB, visant à répondre aux besoins des utilisateurs du
tunnel au XXIème siècle, doit encore être soumis à l’approbation du
gouvernement britannique. British Rail a précisé qu’il étudiait déjà le trajet
de la future ligne et le choix de son terminal londonien et a chargé la banque
Lazard d’une étude financière. La direction d’Eurotunnel a signalé en octobre
1988 qu’elle oeuvrait pour accélérer cette procédure.
En résumé et dans un premier temps, après l’ouverture
du tunnel, seuls des convois ferroviaires tant voyageurs que marchandises
adaptés aux exigences du réseau britannique pourront circuler entre le
continent et le Royaume-Uni. Néanmoins il semble que pour la première fois, un
mouvement a pris forme au Royaume-Uni, en faveur d’une voie ferrée rapide entre
Douvres et Londres et d’une ligne TGV qui devrait contourner l’agglomération
londonien. Cette liaison ne devrait toutefois pas voir le jour avant l’an 2000
!
2. France
L’électrification de Calais - Hazebrouck semble
acquise (ligne Calais - Lille) ainsi que le développement d’une gare de tri a
Lille.
Le trafic du tunnel avec le Sud empruntera
l’itinéraire électrifié Calais - Lille - Paris de préférence à celui non
électrifié par Boulogne, d’autant qu’entre Lille et Paris la voie nouvelle TGV
pour le trafic de personnes dégagera de la capacité sur les voies existantes.
Le trafic du tunnel avec la Belgique passera lui
aussi par Lille, de préférence à Dunkerque. Pour les trains autres que complets
de bout en bout, cette évolution confirmera la fonction de Lille comme plaque
tournante du trafic ferroviaire.
Figure n° 18
3. Belgique
Actuellement le trafic ferroviaire conventionnel
entre notre pays et le Royaume-Uni s’effectue par le train-ferry Dunkerque -
Douvres composé de wagons adaptés au gabarit britannique.
Le transport combiné n’utilise pas ce train mais se
fait par les ports au moyen des navires Ro/Ro.
La SNCB a l’intention, après l’ouverture du tunnel,
et si le trafic le justifie, d’instaurer une série de trains directs complets
entre l’Allemagne et le tunnel (via Tournai, Charleroi et Liège) et entre les
Pays-Bas et le tunnel (via Mouscron et Gand).
Les chemins de fer belges souhaitent autant que
possible pouvoir utiliser leurs propres locomotives pour acheminer les trains
vers le terminal français.
Cependant et pour revenir à des éléments plus
spécifiques en rapport avec l’infrastructure, il faut remarquer que la liaison
actuelle Tournai - Lille, n’est pas encore électrifiée à ce jour, les trains y
sont relativement peu nombreux et peu rapides.
Ce tronçon ferroviaire appartient à la liaison
Bruxelles - Tournai - Lille - Calais et à la liaison Allemagne - Liège -
Charleroi - Mons - Tournai - Lille - Calais.
Son électrification apparaît indispensable tant pour
le trafic de voyageurs que pour celui de marchandises et semble acquise depuis
la réunion des Ministres des Transports des pays concernés par le TGV Nord, à
Francfort le 20 octobre 1988.
En effet, la France a accepté l’électrification de la
ligne Tournai - Lille, à condition que la liaison à grande vitesse Paris -
Bruxelles se réalise.
Pour le transport de marchandises le tronçon Lille -
Tournai se situe sur la voie la plus courte entre Calais et l’Allemagne du
Centre et du Nord (et les pays au-delà). La SNCB a tout intérêt à capter
l’important trafic qui pourrait être engendré par le tunnel via Lille -
Tournai.
A noter également qu’il est de plus en plus question
d’un désengorgement de l’accès ferroviaire du port de Zeebrugge.
En effet, en 1990, la ligne Bruges - Gand risque
d’arriver à saturation suite au développement du trafic du port de Zeebrugge.
Il apparaît dès à présent qu’une partie de ce trafic pourrait être acheminée
pour désengorger Bruges - Gand, via Bruges - Lichtervelde - Courtrai - Mouscron
- Tournai et au-delà vers la Wallonie, la France, le Luxembourg et l’Allemagne
(voir figure n° 19).
Une telle solution évoquée récemment par M. E.
Schouppe, Directeur Général de la SNCB ne représente aucun investissement et ne
pose pas de problèmes techniques : elle utilise des infrastructures existantes
et électrifiées.
Elle permettrait de faire circuler des trains de
conteneurs entre Zeebrugge et le tunnel. Ces conteneurs pourraient être chargés
le matin à Zeebrugge et livrés le lendemain matin aux clients britanniques,
pour autant que les problèmes de matériel roulant dont on a parlé précédemment
soient résolus (wagons “multifret” surbaissés).
Figure n° 19
4. Pays-Bas
En ce qui concerne le trafic de marchandises, les
autorités néerlandaises estiment que les liaisons actuelles sont suffisantes
(donc via Anvers - voir figure n° 18).
5. Grand-Duché de
Luxembourg
Les liaisons actuelles semblent également suffisantes
pour le trafic de marchandises.
6. République Fédérale
d’Allemagne
Le plan fédéral des grandes liaisons
(Bundesverkehrswegeplan), tel qu’établi en 1985, insiste sur une politique
coordonnée des transports intérieurs : autoroutes, fer et voies navigables,
transports combinés.
Les objectifs généraux se concrétisent par :
·
une création et une modernisation des gares de tri;
·
quatre créations et douze extensions de chantiers
multimodaux.
Tous les équipements sont à proximité immédiate
d’agglomérations importantes.
Il n’est pas prévu actuellement, pour les infrastructures
ferroviaires, des mesures particulières (hormis le projet de TGV).
7. Le TGV Nord
Il s’agit principalement d’un projet typiquement
“voyageurs” qui devrait relier dans un premier temps le terminal français du
tunnel à Lille (Paris - Lille : liaison existante) et à Bruxelles (liaison
nouvelle à créer).
Cette liaison pourrait se poursuivre par après de
Bruxelles vers l’Allemagne (Cologne) via Liège et les Pays-Bas (Amsterdam) via
Anvers.
Maintenant il semble que seule la liaison terminal
français -Lille - Bruxelles sera construite dans un premier temps.
Le jeudi 20 octobre 1988 les Ministres des Transports
européens concernés se sont réunis à Francfort et ont pris deux décisions
importantes.
Premièrement le TGV Nord sera un projet global, pas question
de le construire morceau par morceau.
Deuxièmement les pays seront solidaires dans le
financement des investissements à réaliser. C’est-à-dire que la France et
l’Allemagne qui en principe, sortiront en boni de l’exploitation “aideront”
financièrement la Belgique et les Pays-Bas où la rentabilité est moins
évidente.
A retenir également de cette réunion que le TGV
fonctionnera comme les lignes internationales actuelles avec cependant une
répartition plus équilibrée des recettes.
La réalisation du TGV Nord aura certainement des
retombées pour notre industrie et plus particulièrement pour la “Brugeoise et
Nivelles” et pour les “ACEC” (8,5 milliards de FB).
En résumé, il faut dire que l’idée de TGV Nord
progresse, même les Britanniques semblent décidé à améliorer la liaison vers
Londres !
Mais, pour inaugurer comme convenu la ligne TGV Paris
- Bruxelles en même temps que celle qui passera par le tunnel, on est à
l’extrême limite des capacités de réalisation !
Du côté strictement belge on attend pour le début de
l’année prochaine le résultat des études d’impact sur l’environnement et à ce
sujet on sent que les problèmes sont multiples. Les prises de positions
récentes tant des hommes politiques que de multiples groupes de pression en
témoignent largement.
La région liégeoise est particulièrement sensible à
la mise en oeuvre du TGV Nord et plus spécialement du tronçon entre Liège et
Bruxelles. Selon P. Clerdent, ancien Gouverneur de la Province de Liège “Ce
serait faire oeuvre de bon sens ainsi que de cohésion nationale aux yeux de nos
partenaires européens que d’étudier, avec toute l’attention et tout l’intérêt
qu’elle mérite, la ligne Bruxelles-Liège en site propre en même temps que
l’adaptation de la voie ordinaire et le détour par Louvain. Il faut souhaiter
que les deux bureaux flamands, auxquels le gouvernement a confié cette étude,
répondent à la confiance que l’Exécutif wallon leur a témoignée en les agréant,
par l’objectivité que méritent l’importance nationale et les implications
régionales du dossier qui leur est soumis”.
8. Conclusion
Dès que le Lien fixe sera construit il sera
théoriquement possible de faire circuler des trains directs entre le
Royaume-Uni et le continent.
Nous avons vu que de nombreuses contraintes limitent
cette possibilité, gabarit, type d’électrification, etc..
Pour ce qui concerne plus particulièrement les
marchandises (par exemple train direct de conteneurs entre Londres et
Bruxelles) il est bien évident qu’maintenant de nombreux obstacles subsistent
et que les infrastructures nécessaires ne seront peut-être pas prêtes en 1993.
En d’autres mots, la mise en service de trains
directs de ce type, susceptibles de concurrencer sérieusement le transport
routier, dépend de la mise au point de matériels spécifiques et d’adaptations
de lignes existantes.
C’est pourquoi dans le chapitre suivant, concernant
le trafic via le tunnel nous examinerons principalement les possibilités de
transport qui seront offertes par les navettes Eurotunnel.
Les liaisons directes, sans rupture de charge,
continent - Royaume-Uni ne pourront être effectivement réalisées que bien plus
tard.
D. Intervention de la
CEE en matière d’infrastructures.
La Commission des Communautés européennes a présenté une
proposition de règlement datée du 16 juin 1988, pour la mise en oeuvre d’un
programme d’action échelonné sur 5 ans, en vue de la réalisation du marché
intégré de 1993.
Elle propose de déclarer d’utilité européenne certains
projets d’infrastructure afin de faciliter le financement et l’octroi d’aides à
partir des ressources communautaires ainsi que l’intervention de capitaux
privés.
Quelques 630 millions d’écus (plus ou moins 28 milliards
de FB) provenant du budget “Infrastructures de transport” de la Communauté,
pourraient ainsi être alloués aux projets retenus au cours des cinq années du
programme
La Commission européenne pourrait ainsi agir dans
plusieurs domaines dont :
·
l’amélioration des infrastructures liées au tunnel sous
la Manche;
·
la construction d’une ligne ferroviaire à grande
vitesse entre Paris, Londres, Bruxelles, Amsterdam et Cologne;
et plus spécifiquement pour notre pays :
·
une voie rapide entre le tunnel sous la Manche et la
frontière belge (Rocade littorale - “RN1”) ainsi que l’achèvement de
l’autoroute Tournai - Bruxelles (“A8”).
·
la nouvelle autoroute entre la frontière française et
Furnes;
·
la construction d’installations nouvelles ou
l’amélioration des installations existantes pour les trains à grande vitesse
entre Paris, Bruxelles, Amsterdam et Cologne.
II. AUTRES INFRASTRUCTURES
A. Les ports
Il est bien entendu que les différentes autorités
portuaires britanniques, françaises, belges, et néerlandaises vont essayer au
maximum d’améliorer leurs infrastructures pour concurrencer le nouveau Lien
fixe et pour accueillir des ferries de plus en plus grands.
Le but de cette étude n’est pas de détailler tous les
projets d’extension ou de création de nouvelles infrastructures portuaires.
Signalons cependant que les autorités portuaires belges
et plus spécialement celles de Zeebrugge développent tous les efforts pour
rester au diapason des trafics. L’évolution allant dans le sens de ferries
“gros porteurs”. Le port de Zeebrugge, afin de rencontrer le désir des
armateurs d’accélérer les rotations des navires, entend aménager la future
darse de Wielingen en bassin ferry. Il s’agira d’une nouvelle infrastructure
qui permettra l’intégration de toutes les fonctions où les passagers
trouveront un maximum de confort.
Signalons également que la Régie des Transports
Maritimes à l’intention d’acheter (ou de louer) un nouveau ferry “gros porteur”
destiné à la ligne Ostende - Douvres, dont le coût serait de quelques 2,8
milliards de FB.
Toutes les autorités portuaires concernées envisagent
des extensions ou pour le moins des améliorations de leurs infrastructures
existantes.
Nous avons relevé dans les différents documents
consultés, différents projets d’infrastructure tant pour Zeebrugge que pour
Ostende, Dunkerque, Calais, Boulogne et Douvres.
L’avenir nous dira si les armateurs ou les autorités
portuaires ont eu raison de développer leurs infrastructures et d’introduire
des ferries “gros porteurs”...
B. Les aéroports - les
liaisons aériennes
Le trafic actuel de marchandises transportées par voie
aérienne entre la Belgique et le Royaume-Uni est très faible, voire
insignifiant (- 1 % du total des marchandises transportées).
Le tunnel aura certainement une influence et captera
sans doute une partie de ce trafic. Mais son impact sera sans aucun doute
beaucoup plus important pour le trafic de voyageurs.
Quelques mots sur le transport express de fret aérien.
En effet, ce type de transport aérien a pris un essor considérable ces
dernières années et l’aéroport de Bruxelles National est particulièrement bien
placé à cet effet. Néanmoins, certains responsables de ce secteur estiment que
le tunnel aura un impact positif et qu’il ouvrira même de nouvelles
perspectives de croissance.
Selon M. Neil Hansford de TNT International Aviation
Service, le tunnel n’offrira des délais de transit plus courts que pour un
certain nombre de destinations.
Le tunnel ne devrait pas freiner l’expansion
prodigieuse de ce secteur car les gains de temps y seraient insuffisants.
Cependant il s’agit peut être d’une opportunité à saisir par le transport
routier pour autant que tous les obstacles liés à la réalisation du marché
unique de 1992 soient supprimés à temps et que les infrastructures nécessaires
de raccordement soient également prêtes à temps.
A noter également que, depuis quelques semaines, les
inaugurations de liaisons aériennes nouvelles entre Bruxelles et Londres se
multiplient à un rythme accéléré.
Outre les vols traditionnels de la Sabena et de
British Airways entre Bruxelles et les deux principaux aéroports londoniens, de
Gatwick et d’Heathrow, d’autres compagnies aériennes ont inauguré des liaisons
aériennes entre Bruxelles et d’autres aéroports Londoniens, Luton et Stansted.
Nous pensons aux nouveaux vols d’Air Europe, d’Air UK et de Ryanair ... De son
côté, la Sabena a annoncé en novembre 1988 la prochaine inauguration de
nouvelles liaisons régulières vers Hanovre, Newcastle, Glasgow... et une toute
nouvelle société aérienne d’origine française (Air Exel) basée à Liège,
projette des vols réguliers entre Liège et Paris.
Il est évident que toutes ces sociétés se positionnent
pour faire face à la future concurrence de l’Eurotunnel et du TGV Nord, mais
ceci concerne principalement les transports de personnes !
En ce qui concerne plus particulièrement l’aéroport de
Bruxelles - National, les autorités belges concernées ont récemment annoncé la
mise sur pied d’un vaste plan d’aménagement et d’agrandissement. On peut
également noter les développements récents des aéroports régionaux tant en
Belgique que dans les pays voisins.
5ème PARTIE
LE TRAFIC TRANSMANCHE
5ème PARTIE - LE TRAFIC TRANSMANCHE
I. TRAFIC ACTUEL
A. Evolution globale des échanges par mer
entre la Belgique et le Royaume-Uni
VOIR TABLEAU N° 2 ET GRAPHIQUES1 ET 2
Le tableau n°2 et les graphiques n° 1 et 2 permettent de
suivre l’évolution entre 1980 et 1986 du trafic par mer de marchandises entre
la Belgique et le Royaume-Uni.
Au cours de ces 7 années le trafic a évolué de la manière
suivante :
___________________________________________________________
Belgique - Royaume-Uni : + 17 %
Royaume-Uni - Belgique : + 6 %
Transit du Royaume-Uni : +87 %
Transit vers le Royaume-Uni : + 43 %
___________________________________________________________
C’est donc au niveau des trafics en transit que l’on
constate les taux d’accroissement les plus importants.
Le transport a évolué globalement sur l’ensemble de la
période considérée de quelques 30 % ce qui donne un taux d’accroissement moyen
annuel de plus de 4 %.
Si l’on compare ces chiffres à ceux, par exemple, du
commerce extérieur entre la France et le Royaume-Uni on atteint des
pourcentages plus élevés : croissance de quelques 7,5 % en moyenne par an.
Nous verrons plus loin que les pourcentages de croissance
du trafic transmanche proprement dit sont quelques peu différents.
TABLEAU N° 2
Transport de marchandises par mer entre la Belgique et le
Royaume-Uni (en milliers de tonnes)
Graphique 1 et graphique 2
Ce phénomène de progression rapide des échanges traduit
l’intégration du Royaume-Uni avec ses partenaires de la CEE. En effet en
adhérant à la CEE, le Royaume-Uni a été amené à développer ses relations avec
ses nouveaux partenaires et donc à modifier en profondeur ses courants
d’échanges traditionnels (voir tableau n° 3 et graphiques n° 3 et 4).
Tableau n° 3.
Le redéploiement commercial du Royaume-Uni (marchandises)
_____________________________________________________________________________________
Fournisseurs
: % des importations 1965 1975 1985
Pays de la CEE 17,3 37,0 46,2
Pays en voie de
développement 27,5 24,1 15,7
Etats-Unis 11,7 10,0 11,7
Autres pays 43,5 28,9 26,4
Clients : % des
exportations 1965 1975 1985
Pays de la CEE 20,0 32,3 46,1
Pays en voie de
développement 25,7 25,6 20,9
Etats-Unis 10,6
8,9 14,9
Autres pays 43,7 33,2 18,1
_____________________________________________________________________________________
Source : L’Etat du
Monde, Paris, 1986 et 1988.
Avec l’élargissement du Marché Commun à la Péninsule
Ibérique, on constate que le Royaume-Uni effectue maintenant au moins la moitié
de son commerce extérieur avec la CEE. En effet, les dernières statistiques de
l’année 1987 donnent 52,8 % des importations et 49,5 % des exportations
effectuées avec les pays de la CEE.
GRAPHIQUES 3 - 4
B. Parts de la route et du rail dans le
trafic entre certains pays et le ROYAUME-UNI
Le rapport “Prognos” publié récemment par l’IRU à Genève
donne quelques précieuses informations sur la répartition modale des courants
internationaux de marchandises et ceci pour l’année 1983.
En ce qui concerne le trafic international effectué entre
l’UEBL (Union Economique Belgo-Luxembourgeoise) et le Royaume-Uni, 81,8 % des
échanges sont effectués par la route (Ro/Ro) et 17 % par le chemin de fer .
Pour le trafic Royaume-Uni - UEBL ces chiffres sont respectivement de 88,1 et
11,7 %.
Pour les pays voisins ils donnent : Pays-Bas - GB : route
95,6 et rail 4,4 %; GB - Pays-Bas :
98,3 et 1,7 %; France - GB : 88,6 et 11,4 % et GB - France : 97,1 et 2,9 %.
Ces chiffres sont basés sur des données datant de 1983,
mais montrent toute l’importance des
transports routiers (donc actuellement Ro/Ro) dans le trafic effectué entre le
Royaume-Uni, la Belgique (en fait l’UEBL), les Pays-Bas et la France. Il faut
remarquer que c’est principalement ce type de trafic, dont nous parlons par
après, qui sera le plus “perturbé” par l’ouverture du Lien fixe.
C. Evolution du
transport Roll-on/Roll-off entre la Belgique et le Royaume-Uni.
1. Trafic Ro/Ro Royaume-Uni -
Belgique
VOIR TABLEAU N°4 ET GRAPHIQUES N° 5 ET 6.
Ce tableau montre l’évolution du trafic Ro/Ro ou
transroulage entre le Royaume-Uni et la Belgique et ceci tant pour les
véhicules accompagnés que pour les véhicules non accompagnés.
On constate à la lecture de ce tableau et des graphiques
n° 5 et 6 que le nombre de véhicules lourds accompagnés a augmenté de quelques
51 % entre 1980 et 1987. L’augmentation du nombre de véhicules non accompagnés
est encore beaucoup plus importante, elle est de 229 %.
A remarquer que les véhicules accompagnés sont transportés
en majorité par le “Dover Strait” (Douvres, Folkestone et Ramsgate), tandis que
les véhicules non accompagnés proviennent principalement d’autres ports à
savoir les liaisons entre Zeebrugge et Hull, Imminghan, Felixtowe, Dartford et
Chatham - tous ces ports britanniques sont situés au Nord de Londres (voir
également la figure 20).
Tableau n° 4
Trafic Ro/Ro Royaume-Uni - Belgique
_____________________________________________________________________________________
Nombres de véhicules lourds Nombres de remorques
non accompagnées
_____________________________________________________________________________________
(1) (2) (3) (1) (2) (3)
1980 122,1 100,0 66,3 48,2 100,0 16,6
1981 119,6 98,0 65,4 63,5 131,7 15,5
1982 136,3 111,6 68,9 99,1 205,6 16,0
1983 146,1 119,7 69,8 104,4 216,6 17,5
1984 163,7 134,1 72,8 103,6 214,9 21,0
1985 163,2 133,7 72,2 129,9 269,5 18,3
1986 151,7 124,1 73,6 124,1 257,5 16,6
1987 184,0 150,7 73,9 158,4 328,6 16,1
_____________________________________________________________________________________
(1) En milliers de
véhicules
(2) En indice 1980 = 100
(3) Part du “Dover
Strait” (Douvres, Folkestone et Ramsgate) dans l’ensemble du trafic en %.
Source : Department
of Transport Statistics, Londres.
Il semble évident que ce seront principalement les
liaisons les plus courtes qui seront concurrencées par le tunnel, donc les
liaisons au départ des ports français mais également Ostende et de Zeebrugge à
destination de Douvres, Folkestone et Ramsgate.
Pour les ports belges ces liaisons concernent
principalement les trafics de véhicules accompagnés; les trafics vers les ports
situés au-delà de Londres devraient être moins affectés par cette nouvelle
concurrence.
N.B. : Pour rappel, le
transroulage ou Ro/Ro est un transport au cours duquel le véhicule routier
contenant les marchandises est acheminé par bateau. Le chargement y est
horizontal de là, l’appellation “Roll-on/Roll-off”
2. Trafic Ro/Ro Continent -
Royaume-Uni
Les tableaux n° 5, 6 et 7 ainsi que les graphiques n° 7, 8
et 9 permettent de se rendre compte de l’importance des ports belges et plus
spécialement de Zeebrugge dans le trafic Ro/Ro continent/Royaume-Uni. A noter
que ces tableaux concernent l’ensemble des véhicules transportés donc tant
accompagnés que non accompagnés.
Entre 1980 et 1987 le trafic Ro/Ro des ports néerlandais a
augmenté de 59 %, celui des ports français de 109 % et celui des ports belges
de 94 % (dont 145 % pour Zeebrugge et seulement 3 % pour Ostende)
Quant à la part relative de ces 3 groupes de ports elle
est passée pendant la période considérée (1980 à 1987) pour les ports
néerlandais de 29,7 à 25,1 %, pour les ports belges de 41,5 à 42,9 % et pour
les ports français de 28,8 à 32,0 %.
TABLEAU N° 5 et graphique n° 7
TABLEAU N° 6 et graphique n°8
TABLEAU N° 7 et graphique n° 9
Si l’on examine séparément les chiffres de Zeebrugge et
Ostende, la part de Zeebrugge est passée de 26,7 à 34,8 % et celle Ostende de
14,8 à 8,1 %.
Les tableaux nous ont permis de constater l’importance
actuelle des liaisons ferries (principalement pour les véhicules non
accompagnés) entre notre pays et le Royaume-Uni.
Lors de l’examen des tableaux précédents nous nous sommes
limités aux ports belges de Zeebrugge et Ostende. Il ne faut pas oublier qu’il
existe également un trafic Ro/Ro entre Anvers et Harwich, port situé au nord de
Londres.
Ce trafic est nettement moins important en tonnage que
celui de Zeebrugge . Il représente à l’importation moins du tiers de celui de
Zeebrugge et à l’exportation, moins de 20 %.
Le trafic Ro/Ro d’Anvers a évolué ces dernières années
beaucoup moins rapidement : à savoir + 11 % entre 1982 et 1986 à l’importation
et - 8 % pendant la même période à l’exportation. Rappelons qu’il s’agit d’un
trafic vers un port situé au nord de Londres donc en principe moins susceptible
d’être concurrencé par le tunnel.
D. Evolution du
transport par conteneurs
A la lecture du tableau n° 8 et des graphiques n° 10
et 11 on constate ces dernières années, un accroissement de ce type de
transport.
Par exemple entre 1982 et 1986 le transport à
l’importation de conteneurs a augmenté de 46 % à Anvers, de 18 % à Zeebrugge et
de 174 % à Gand. Les chiffres d’augmentation à l’exportation sont
respectivement de + 58 % à Anvers, + 34 % à Zeebrugge et + 46 % à Gand.
A noter qu’il s’agit ici de chiffres globaux donc pas
limités au transport avec le Royaume-Uni. On constate cependant une très grande
expansion du transport par conteneurs. Nous verrons plus loin que le tonnage
global du trafic transmanche transporté par conteneurs était de 5,7 millions de
tonnes en 1985 et qu’il est estimé à 8,1 millions de tonnes pour 1993.
Le tunnel permettra de faire circuler des trains
directs (conteneurs) entre le Royaume-Uni et le continent sans transbordement
pour autant que les problèmes de gabarits soient réglés et qu’un matériel
compatible ait été mis au point.
Intercontainer estime d’ailleurs que, dès la seconde
année d’exploitation du tunnel, 300.000 conteneurs pourraient transiter chaque
année par le Lien fixe.
FIGURE N° 20
TABLEAU N° 8
Transport par conteneurs - Trafic de certains ports belges
- En tonnes -
_____________________________________________________________________________________
IMPORTATION 1982 1983 1984 1985 1986
_____________________________________________________________________________________
Anvers (1) 2.738.337 3.284.738 - 3.956.926 4.009.234
Zeebrugge (2) 874.297 970.324 953.297 1.031.442 1.033.265
Gand (2) 9.970 13.827 15.079 21.459 27.328
_____________________________________________________________________________________
_____________________________________________________________________________________
EXPORTATION 1982 1983 1984 1985 1986
_____________________________________________________________________________________
Anvers (1) 4.478.647 5.506.735 - 6.964.394 7.081.455
Zeebrugge (2) 925.130 1.140.294 1.202.091 1.262.381 1.236.755
Gand (2) 21.940 34.324 39.838 46.706 32.015
_____________________________________________________________________________________
(1) Poids des
conteneurs non compris.
(2) Poids des
conteneurs compris
Source :
Administration de la Marine et de la Navigation intérieure.
Graphiques 10 ET 11
Le tunnel sous la Manche ouvrira des perspectives
intéressantes aux ports belges pour le transport de conteneurs. En effet, un
volume important de marchandises devant être acheminées de Belgique vers le
Royaume-Uni transite toujours par le port de Rotterdam, ce qui s’explique par
le fait que les ports britanniques sont moins compétitifs que les ports du
continent, et cette situation profite surtout dans l’état actuel des choses au
port conteneurisé de Rotterdam.
Mais le fait que l’arrière-pays anglais pourrait être
desservi via le tunnel par la route et par le rail au départ de ports
continentaux européens crée de nouvelles possibilités en faveur d’Anvers,
puisque le port est particulièrement bien raccordé à la route et au rail.
Pour Intercontainer, le trafic potentiel via Eurotunnel se
situerait essentiellement en France, en
Italie, en Suisse, en Autriche, dans le Sud de l’Allemagne et probablement dans
la Péninsule Ibérique. C’est d’ailleurs sur la base de cette zone géographique
qu’un ensemble de 12 terminaux sur le continent et 6 à 9 du côté britannique
est projeté, entre lesquels circuleront des trains directs. Il est donc clair
qu’Intercontainer va s’orienter vers la formule de trains complets sur de très
longues distances, qui circuleront par exemple entre le centre conteneur de
Milan et celui de Willesden au nord de Londres.
On verra plus loin, lors de l’examen des prévisions de
trafic d’Eurotunnel, les possibilités de détournement par le tunnel du
transport de conteneurs.
E. PERSPECTIVES
DES TRANSPORTS COMBINES RAIL - ROUTE
Il semble que le transport ferroviaire de
semi-remorques ne connaît pas le développement rapide que l’on constate sur le
continent. La figure n° 21 illustre le développement actuel de ce type de
transports en Europe.
L’édition ITR “les transports combinés” détaille et
donne de nombreuses explications sur les différents systèmes utilisés
actuellement tel que : “Route Roulante (“Rollende Strasse”, système “Huckepack”
et “Kangourou”
Actuellement, lors du transport par ferries, les
semi-remorques sont prises en charge par les armements qui assurent, avec leurs
propres tracteurs ou avec ceux du port, le chargement sur le navire et le
déchargement. Ainsi, l’immobilisation du chauffeur et du tracteur britannique
sont réduits à l’indispensable parcours terminal sur le sol britannique. Selon
M. Walrave de la SNCF “il semble illusoire, pour des raisons économiques, de
penser que les routiers britanniques traverseront la Manche pour venir livrer
ou reprendre des semi-remorques sur le continent (s’ils traversent, ils iront
jusqu’au bout.
Il serait donc tout à fait souhaitable de créer au Royaume-Uni un ou plusieurs chantiers
multitechniques accessibles au gabarit continental, à proximité immédiate du
tunnel, ou à proximité de Londres”. La prodigieuse expansion du transport
combiné pourrait peut-être s’étendre au Royaume-Uni ?
FIGURE 21
II. PREVISIONS DE
TRAFIC DE MARCHANDISES D’EUROTUNNEL
Introduction
Les services du tunnel sous la Manche disposeront d’un
certain nombre d’atouts qui lui permettront vraisemblablement de décrocher une
part importante du marché transmanche.
Ils seront moins vulnérables aux mauvaises conditions
atmosphériques que ne le sont l’aéroglisseur, le ferry et les services aériens.
Le système permettra, en outre, d’amoindrir considérablement les risques
d’inconfort et de retard engendrés par ces mauvaises conditions atmosphériques.
Les potentiels de trafic concernant les marchandises en
provenance ou à destination du Royaume-Uni sont, relativement, d’une importance
tout à fait comparable de celle des voyageurs puisque, dès aujourd’hui, les
trafics à destination du continent et transitant par les ports de la Manche
représentent plus de 50 millions de tonnes (voir tableau n° 10).
“L’effet d’”entonnoir” jouera probablement moins pour les
marchandises que pour les voyageurs; pour celles-ci, en effet, l’arbitrage
entre les allongements de parcours requis par la position géographique du
tunnel et les gains de temps résultant de la réduction des traversées maritimes
s’effectue sur des bases différentes où la valeur du temps est relativement
plus faible, ce qui signifie également que la concurrence des ferries sera plus
vive sur ce marché. La part du marché total captée par le tunnel sera donc
vraisemblablement plus faible que pour les voyageurs...” (M. Walrave).
Les prévisions de trafic actuellement disponibles sont le
résultat d’une série d’études commencées vers 1983. Ces études ont permis
d’analyser le trafic actuel et son évolution récente, d’en estimer la
progression au cours des premières années de la concession (1993-2013) et de
mesurer ensuite le trafic détourné au profit du tunnel en même temps que le
trafic induit par la mise en service du tunnel. Le groupe France-Manche/Channel
tunnel Group (Eurotunnel) a fait appel pour ces estimations à deux séries de
consultants : d’une part Setec Economie et d’autre part Wilbur Smith et
Associates en collaboration avec Alistair Dick et Associates. Une actualisation
des prévisions de trafic a été faite au début de l’année 1987. Les chiffres
suivants sont, en général, basés sur cette actualisation.
Les prévisions de trafic ont été publiées dans toute une
série de documents. Nous croyons qu’il est intéressant de décrire le plus
brièvement possible les différentes hypothèses de base qui ont été prises par
les consultants, plus particulièrement pour le transport de marchandises.
A noter que, en matière de prévisions de trafic
marchandises, les chiffres publiés par Flexilink (groupe de pression
anti-tunnel) ne s’écartent pas beaucoup de ceux d’Eurotunnel. Par contre, pour
le transport de voyageurs, les prévisions de Flexilink divergent notablement de
celles d’Eurotunnel.
Entre-temps, le coprésident français d’Eurotunnel, M. A.
Bénard a signalé le 4 octobre 1988 que le trafic attendu sera supérieur à celui
qui avait été prévu.
A. Examen des hypothèses de
travail prise par Eurotunnel
Les consultants d’Eurotunnel ont dû prendre toute une
série d’hypothèses de travail pour obtenir leurs prévisions de trafic. Les
services offerts par Eurotunnel reposent sur une double analyse :
a) Détermination du
marché global des transports à travers la Manche;
b) Affectation de ce
marché aux différents services concurrents.
Cette approche repose sur le dépouillement et l’analyse
des données statistiques recueillies par les différentes agences
gouvernementales sur le transport des passagers et du fret. Ces données
montrent que la demande de transport sur la Manche est importante et qu’il
existe depuis de nombreuses années une croissance soutenue du marché des
transports.
1. Facteurs affectant la
demande globale de voyages transmanche
Les principaux paramètres susceptibles d’expliquer la
croissance de la demande globale sont les suivants :
(a) Produit intérieur brut (PIB) pour les déplacements d’affaires
et le fret.
N.B. : Le PIB est la somme des
valeurs ajoutées créées par les actifs d’un pays à l’intérieur des frontières,
quelle que soit la nationalité de la personne active.
(b) Evolution relative des prix.
Le facteur le plus significatif est le taux de croissance
du PIB au Royaume-Uni (Voir tableau n° 9).
TABLEAU N° 9
_____________________________________________________________________________________
Modification en %
_____________________________________________________________________________________
Années 1985-1993 1993-2003 2003-2013
_____________________________________________________________________________________
·
PIB britannique 2,15 2,15 2,00
- Dépenses de consommation 2,05 2,05 1,90
- Evolution relative des prix -1,00 0 0
_____________________________________________________________________________________
Source : Setec Economie
2. Facteurs exerçant une
influence sur le choix des services transmanche
(a) Coût (coût relatif) du transport jusqu’au
détroit et coûts relatifs au transport par le détroit.
(b) Temps de transport
(c) Fréquence des services
(d) Confort - fiabilité et autres facteurs
qualitatifs
Pour déterminer la durée des trajets pour les différentes
liaisons en concurrence et pour établir ainsi les prévisions pour 1993 et 2000, il a été tenu compte par les services
du tunnel des aménagements prévisibles des réseaux routiers et ferroviaires
ainsi que de la durée probable du temps de voyage.
Nous avons déjà vu que des retards pourraient se
manifester quant aux infrastructures à créer ou à aménager et que la durée du
trajet par Eurotunnel dépendait encore de certains facteurs tels que les
formalités douanières, Quid en 1993 ?
3. Politique des tarifs
d’Eurotunnel
Il a été supposé que :
(a) Les tarifs pour les services de navettes
seront identiques à ceux appliqués par les services de ferries pour les courtes
distances.
(b) Les tarifs des services ferroviaires (trains
directs entre le continent et le Royaume-Uni) seront établis sur la base des
tarifs figurant dans les accords ferroviaires.
4. Hypothèses de tarifs à
travers la Manche
(a) Les tarifs appliqués pour les services de
navettes à l’ouverture du tunnel et jusqu’en 2003 seront inférieurs de 10 % en
termes réels aux tarifs nets actuellement pratiqués par les ferries sur le
détroit français (après rabais et commission) pour le transport
roll-on/roll-off et par conteneur.
Actuellement les tarifs d’Eurotunnel ne sont pas fixés
et dépendront entre autres de la concurrence, mais la modulation des tarifs
selon les moments de passage est vraisemblable.
Néanmoins, les promoteurs ont en 1985 publié les
barèmes suivants pour le trafic de marchandises.
·
Ro/Ro : plus ou moins 800 FB par tonne;
·
Conteneurs/wagons de chemin de fer : plus ou moins 750
FB par tonne;
·
Marchandises en vrac (par chemin de fer) : plus ou
moins 110 FB par tonne.
N.B. : Les dernières estimations de tarifs publiées fin 1987 donnent des
chiffres plus bas, par exemple pour le transport Ro/Ro : plus ou moins 675 FB
par tonne.
De toute façon ces tarifs ne représentent que des
estimations et ne seront finalisés que l’année précédant la mise en service,
donc en 1992.
(b) Les tarifs par chemin de fer pour les services
transmanche devraient rester, en termes réels à leur niveau actuel.
5. Autres hypothèses de base
(a) Des services de trains à grande vitesse
utilisant une nouvelle voie entre Paris et Bruxelles avec un embranchement vers
le terminal français.
La mise en service de cette liaison sera-t-elle
terminée à temps ?
(b) Existence de magasins hors-taxes. Ce type de
boutiques pourrait disparaître à l’horizon 1993 ! Eurotunnel en tient néanmoins
compte dans ses dernières prévisions de trafic d’octobre 1988.
(c) Maintien sur l’ensemble de la période des
accords et conventions internationales actuellement en vigueur et relatifs au
déplacement des personnes et aux échanges. Quid de la libéralisation de 1993 :
harmonisation fiscale, harmonisation technique ?
(d) Absence d’événements nationaux ou
internationaux affectant d’une manière anormale le trafic transmanche.
(e) Aucune autre liaison fixe ne sera en service
pendant de la concession.
6. Hypothèses de base pour
la prévision de trafic des ferries
Une part du marché subsistera pour les ferries et une
partie du marché de transport de fret préférera les ferries pour les raisons
suivantes :
(a) La concurrence entre les ferries et le tunnel
doit entraîner une baisse des tarifs. Elle pourrait être d’environ 20 % (1993
par rapport à 1986).
(b) Certains transports ne pourront emprunter le
tunnel en raison de leur taille ou de dispositions rendant difficile le
transport de marchandises dangereuses.
(c) La réglementation sur les heures ouvrables
peut impliquer la nécessité d’un arrêt des chauffeurs d’une durée supérieure à
celle résultant effectivement du transit des poids lourds sur les rames
navettes (Règlement social).
7. Définition des
catégories de trafic
Marché potentiel
Le marché potentiel est constitué des services actuels
pour le transport entre le continent et le Royaume-Uni, dont les services de
ferry sur la Manche et la partie sud de la Mer de Nord, y compris les services
d’aéroglisseurs (hovercraft) et les services aériens. Le marché potentiel du
tunnel, en ce qui concerne le fret est le suivant : transports autres que les
produits pétroliers en vrac entre le Royaume-Uni et le continent. De plus il a
été tenu compte du trafic effectué par ferries entre la Manche et le sud de la
Mer du Nord, du trafic en transit avec l’Irlande et du trafic avec le reste de
l’Europe.
Type de trafic
Le marché potentiel est divisé en différentes catégories
de trafic, pour le fret :
·
par lots unitaires, divisé en fret par véhicules
accompagnés ou non d’un chauffeur (Ro/Ro) et trafic conteneurisé chargé sur
wagons ou sur navire.
·
en vrac (à l’exclusion des produits pétroliers). Le
transport de véhicules neufs a été distingué à l’intérieur de cette catégorie
puisqu’il peut être assuré par le fer.
B. Evolution prévisible du
trafic transmanche de marchandises
VOIR TABLEAU N° 10 ET GRAPHIQUE N° 12
La croissance du trafic de fret a évolué en fonction du
niveau de l’activité économique en Europe et en particulier en fonction de la
croissance du PIB britannique. Jusqu’au début des années 1970 le marché du fret
transmanche s’est développé au rythme d’environ 8 % par an. Depuis la crise de
l’énergie, le taux de croissance s’est réduit et suit maintenant la tendance
générale du fret international à l’intérieur de l’Europe. La croissance des
échanges a été d’environ 4,5 %/an entre 1977 et 1983, de 6,3 %/an entre 1983 et
1985. Elle est prévue désormais à 4,3 %/an de 1985 à 1993, puis 3,8 %/an
jusqu’à 2003 et 3,4 %/an au-delà.
Le tableau n° 10 permet de constater des évolutions
différentes selon le mode d’acheminement. On remarquera, d’ici à 1993, une
croissance plus soutenue (+4,9 %/an) pour les lots unitaires (notamment +5,4
%/an pour le trafic “Ro/Ro”) que pour les lots non unitaires (+3,7 %/an).
Entre 1985 et 1993 le total du fret transporté (voir
également le graphique n° 12) passerait de 60,4 millions de tonnes à 84,4. Il
serait de 122,1 en 2003 et 169,8 millions de tonnes en 2013. Pendant la même
période (1985-1993) il passerait pour le trafic Ro/Ro de 20,1 millions de
tonnes à 30,6 et pour le trafic conteneur de 5,7 millions de tonnes à 8,1.
C. Détournement du trafic
par le tunnel
1. Détournement global
Le tableau n° 11 donne les coefficients globaux de
détournement par types d’acheminement.
N.B. : Les estimations de trafic
d’Eurotunnel pour l’année 1993 tiennent compte d’une année complète
d’exploitation.
TABLEAU N°10 + graphique n° 12
TABLEAU N°11 - Trafic détourné par le tunnel
Ces prévisions indiquent qu’à l’échéance de 1993 le
coefficient de détournement par le tunnel du trafic transmanche sera
globalement de 17,3 %, donc 14,6 millions de tonnes.
NB. Les dernières prévisions publiées en octobre 1988
donnent le chiffre de 15,5 millions de tonnes.
Ce coefficient global de 17,3 % diffère énormément selon
le mode d’acheminement des marchandises. Il est en effet de 36,7 % pour les
conteneurs et les wagons et de seulement 5,4 % pour le vrac.
On constatera par après que des écarts plus sensibles
encore existent entre les couloirs maritimes.
Il est intéressant de comparer le chiffre du trafic
escompté de marchandises par le tunnel (15,5 millions de tonnes) au trafic
total de quelques ports.
TABLEAU N°12 - Trafic de quelques ports
_____________________________________________________________________________________
Dont échanges Echanges avec
Trafic
total avec le le Royaume-Uni
Royaume-Uni effectués en Ro-Ro
ou
en conteneurs
_____________________________________________________________________________________
Dunkerque 32,2 7,3 2,8
Calais 9,9 8,8 8,5
Boulogne 3,7 1,6 1,6
Le Havre 48,7 12,1 1,7
Anvers 127,7 32,8 non
disponible
Rotterdam 244,6 9,2 non disponible
_____________________________________________________________________________________
tunnel 1993 15,5(°) 11,7
_____________________________________________________________________________________
(°) Sur la base théorique d’une année
complète d’exploitation - estimation d’octobre 1988.
Source : Région Nord - Pas de Calais
2. Détournement par le
tunnel selon les corridors et les liaisons
Le tableau n°13 montre, à titre d’exemple, une
répartition des trafics selon les couloirs maritimes et par
origine/destination, actuellement et après mise en service du tunnel, pour des
liaisons entre la zone de Birmingham et différentes aires économiques sur le
continent.
Les chiffres de ce tableau donnent la répartition
relative par couloir maritime.
A la lecture de ce tableau on constate que le tunnel
aura pour effet :
·
un détournement pour l’ensemble des liaisons et des
corridors.
Exemple :
Le trafic Ro/Ro Bruxelles - Birmingham est effectué
pour 23 % par le détroit français, 33 % par le détroit belge et 44 % par
d’autres lignes. Ces pourcentages seront après l’ouverture du tunnel :
détroit français : 15 % (- 8 %)
détroit belge : 22 % (- 11 %)
autres lignes : 33 % (- 11 %)
tunnel : 30 %
·
un détournement particulièrement important pour les
conteneurs et les wagons, notamment la totalité du détroit français.
Exemple :
Le trafic conteneurs et wagons Bruxelles - Birmingham
est effectué pour 100 % par les “autres
lignes” (belges...). Le tunnel détournera 16 % de ce trafic. Plus la distance
est longue plus le détournement sera important (46 % pour Milan et 64 % pour
Zurich).
Il semble évident que le tunnel modifiera fondamentalement
toute une série de flux de transport; on considère chez Intercontainer que la
mise en place de ce système de transport ferroviaire intégré, disposant
d’équipements appropriés (wagons “multifret”), pourra influencer la stratégie
des armateurs en ce qui concerne la desserte de l’Europe, notamment le Nord, en
les incitant à réduire le nombre de leurs escales directes. Les responsables
d’Intercontainer insistent, dans cette optique, sur la capacité que devra avoir
leur entreprise, à présenter des services de haute qualité c’est-à-dire des
trains complets et rapides très bien desservis à chaque extrémité et
bénéficiant d’un suivi informatique.
Dans ces conditions, quels seront les critères de
sélection des ports européens ? Selon M. Durand, d’Intercontainer, le choix ne
sera ni déterminé par les ferroviaires ou par les armateurs ni par les
positions du marché, mais par la conjugaison d’une multitude de facteurs : les
positions des ports par rapport aux transports terrestres, la qualité des
manutentions, les possibilités de stockage, la qualité des prestations des
services offerts par les professionnels...
TABLEAU N°13
Répartition des trafics selon les couloirs maritimes et
par origine en direction de Birmingham (exprimée en %)
Situation actuelle et situation future avec le tunnel
A ce niveau également il semble évident que les ports
belges ont un défi à relever.
L’étude de la Sobemap concernant la région de Tournai
reprend également quelques données intéressantes du trafic transmanche.
N.B. : Ces données sont basées sur
des estimations de trafic parfois quelque peu différentes de celles reprises
aux tableaux n° 10 et 11. Elles sont basées à la fois sur l’enquête de la
Sobemap et des toutes dernières prévisions de trafic transmanche. Elles nous
ont néanmoins paru intéressantes car elles concernent directement la Belgique
et plus particulièrement le transit par le Hainaut.
En 1993 on estime que 30,6 millions de tonnes de
marchandises franchiront la Manche (trafic Ro-Ro) dont 8,1 via le tunnel. Parmi
celles-ci 38 % (3,1 millions de tonnes) constitueraient un report vers le
tunnel du trafic routier empruntant actuellement les lignes maritimes belges et
néerlandaises de la Mer du Nord. On estime que 80 % de ce trafic transiterait
par le Hainaut pour rejoindre Calais, soit 2,5 millions de tonnes/an, pour
autant que les liaisons directes autoroutières, vers le tunnel soient
réalisées.
D. PERSPECTIVES D’EVOLUTION
DU TRANSPORT FERROVIAIRE
1. Introduction
Bien que l’objet de cette étude soit de tenter de
mesurer l’impact de la mise en service du Lien fixe pour le transport routier
de marchandises, il nous semble intéressant de reprendre ci-après quelques
perspectives évoquées par les différentes sociétés ferroviaires les plus concernées. Il semble, en effet,
évident que le tunnel va bouleverser la répartition de trafic entre les
différents modes de transport.
2. La SNCB
La SNCB estime que les trafics qui seront les plus
affectés par la mise en service du Lien fixe concerneront l’industrie
automobile et le transport combiné. Les chemins de fer belges notent également
que le tracé via notre pays sera en concurrence étroite avec un tracé direct
via la frontière franco-allemande.
Pour le transport intérieur (intermodal), et en cas de
trafic suffisant, des trains directs seront mis sur pied vers le terminal
français. Quant au transport de voitures automobiles, des trains directs
pourraient partir de Genk et de Bruxelles vers le tunnel.
En transport strictement international, et également
en cas de trafic suffisant, la SNCB instaurera des trains directs sur les
relations Allemagne-tunnel et Pays-Bas-tunnel via notre pays.
3. Les British Railways
Ils ont pour objet, après l’inauguration du Lien fixe,
de fournir, en collaboration avec les autres réseaux concernés, toute une gamme
de services de trains de marchandises transportant entre autres des conteneurs
et des wagons entre entrepôts et embranchements privés d’un bout à l’autre du
Royaume-Uni à destination de l’Europe occidentale et au-delà.
Ces nouveaux services représenteront quelques 25
trains supplémentaires de marchandises, dans chaque sens, et chaque jour
ouvrable. Ils permettront aux chemins de fer britanniques d’accéder ainsi
véritablement à la dimension européenne. Mais, bien entendu, tout ceci
nécessitera des investissements énormes de la part des British Railways.
4. La SNCF
En matière de transports par wagons isolés ou par
conteneurs, des trains seront formés sur le continent dans certains bassins
d’activité (trains directs de centre à centre) ou dans un triage. Il s’agira
d’acheminer ce trafic par trains périodiques et directs sur, ou en provenance,
des principaux centres d’activités britanniques, avec un matériel constitué de
wagons porteurs compatibles au gabarit britannique (wagons “multifret”).
Quant aux trains complets, la majeure partie des
échanges massifs de vrac sont actuellement assurés par la voie maritime et la
part future du chemin de fer sera directement fonction de la compétitivité des
trains complets. A noter que la faible valeur des marchandises transportées en
vrac interdit tout transbordement, les wagons à utiliser, à cet effet, devront
être du gabarit britannique, ce qui peut toutefois, dans certain cas, en
limiter la compétitivité ... (d’après M. Walrave de la SNCF).
5. Conclusion
Les enjeux sont également considérables pour les
sociétés ferroviaires. Les seuls investissements d’infrastructure mis en jeu
par l’ensemble des sociétés concernées représenteraient plus du double que le
tunnel proprement dit et la mise en service de celui-ci constituera le coup
d’envoi d’un réseau de transports ferroviaires véritablement européen. Les
atouts des chemins de fer sont donc très importants malgré les différentes
contraintes (gabarit); ils seront peut-être de redoutables concurrents pour la
route ! N’oublions pas non plus les perspectives du transport combiné
rail/route qui ont également été précédemment évoquées dans cette étude.
III. CAPACITE MAXIMALE DU
TUNNEL (transport de marchandises)
Cette capacité annuelle maximale peut être calculée de
différentes manières.
La méthode de calcul suivante est développée dans
l’étude “De gevolgen van de Kanaaltunnel” publiée par la Kamer van Koophandel
de Rotterdam.
En vertu des accords ferroviaires signés entre
Eurotunnel et les Sociétés de chemin de fer nous avons vu que plus ou moins 50
% du trafic sera réservé aux navettes ferroviaires d’Eurotunnel et les 50 %
restants aux trains directs.
La capacité des trains navettes peut être exprimés de
la manière suivante : au maximum une navette toutes les 5 minutes dans chaque
direction c’est-à-dire 24 trains par heure au total et par jour 576 trains.
S’il s’agit exclusivement de navettes “marchandises”
ont obtient 25 wagons X 576 trains = 14.400 wagons par jour. Par an 14.400 w/j
X 365 j = 5.256.000 wagons. Si l’on suppose que les wagons seront chargés en
moyenne de 10 t. la capacité totale sera de 5.256.000 w X 10 t/w == 52.560.000
tonnes.
On estime néanmoins la part des wagons de marchandises
à 60 % du total ce qui donne pour les navettes une capacité de 52.560.000
tonnes x 60 % = 31.536.000 tonnes. Quant au trains directs en transit par le
tunnel, leur part est difficile à évaluer mais ne devrait pas dépasser celle
des navettes.
N.B. :Il s’agit ici de la capacité
maximale (théorique) du tunnel car, au début de l’exploitation du Lien fixe,
les navettes “marchandises” ne seront mises en service que toutes les 15
minutes et encore aux heures de pointe donc certainement pas 24 heures sur 24 !
(service horaire minimum prévu par Eurotunnel aux heures creuses de la nuit)
IV. CONCLUSION
Nous nous sommes limités ici principalement à l’examen
d’une part du commerce global entre la Belgique et le Royaume-Uni et d’autre
part de l’évolution du trafic Roll-on/Roll-off et conteneur.
A noter que plusieurs éléments constatés dans
l’évolution du commerce extérieur Belgique - Royaume-Uni (par ex. : taux de
croissance) se rapprochent des hypothèses de base faites par les consultants
d’Eurotunnel.
Néanmoins, à ce stade de l’étude nous constatons
l’évolution à la hausse de nos échanges avec le Royaume-Uni et plus
spécialement l’évolution du trafic Ro-Ro. Nous pouvons constater également
qu’en général les prévisions de trafic d’Eurotunnel semblent se rapprocher de
ce que nous avons remarqué.
Face aux prévisions de trafic que nous venons
d’examiner, l’importance de l’amélioration des accès au tunnel apparaît très
clairement. Quel pourrait être l’avenir financier d’un tel ouvrage dès lors que
l’insuffisance des liaisons ou des accès ne permettrait pas l’exploitation la
plus adaptée et la plus efficace ?
A noter également que les sociétés de chemins de fer
sont également décidées à ne pas “rater le coche”.
En effet, les atouts des chemins de fer ne doivent pas
être négligés ainsi que les perspectives d’évolution du transport combiné dans
le contexte du futur trafic transmanche. N’oublions pas que le tunnel est avant
tout un ouvrage ferroviaire !
Certains détracteurs ont d’ailleurs prétendu que le
tunnel sous la Manche, tels qu’il est construit, est un ouvrage du passé. Ils
estiment qu’un tunnel exclusivement routier aurait été préférable.
Rappelons à ce sujet, qu’un tunnel routier complétant
le premier ouvrage est prévu pour plus tard.
6ème PARTIE
LE TUNNEL ET LE DEVELOPPEMENT REGIONAL
6ème PARTIE - LE TUNNEL ET LE DEVELOPPEMENT REGIONAL
I. INTRODUCTION
Il y a quelques mois l’Université de Lille a organisé un
colloque intitulé “tunnel sous la Manche et développement régional en Europe du
Nord-Ouest.” L’introduction générale de ce colloque présentée par le Professeur
René Bruyelle de l’Université de Lille était la suivante :
“La réalisation du tunnel sous la Manche et celle du TGV
Nord, prévues pour 1993 auront des incidences multiples sur le développement
régional. Elles vont entraîner une réorganisation des systèmes de relation dans
toute l’Europe du Nord-Ouest, non seulement des relations maritimes, mais
aussi, routières, autoroutières, ferroviaires - dont le TGV n’est qu’un élément
- aériennes. La mise en place de moyens nouveaux, l’amélioration de moyens
existants, le raccourcissement des temps de transport, entraîneront une
contraction considérable de l’espace, une modification des prix et des
accessibilités. Les modifications affecteront en premier chef le
Nord-Pas-de-Calais et le Sud-Est anglais, mais aussi, à des degrés divers,
toutes les régions de l’Europe du Nord-Ouest. Elles sont susceptibles de
redistribuer les forces et les atouts du développement dans un contexte à la
fois concurrentiel et interconnecté entre les régions et à l’intérieur de
chaque région...”.
Cependant une des critiques des détracteurs du tunnel
consiste à dire qu’il exercera une force d’attraction et encouragera le
développement économique du Kent et de la région de Calais, et découragera tout
développement ailleurs.
S’il ne faut pas nier que le tunnel aura des effets
dérivés, il faut souligner qu’il présentera des avantages pour l’industrie sur
une bien plus grande échelle. En contribuant à améliorer les communications
entre le Royaume-Uni et les autres pays de la Communauté, il jouera un rôle
très important de stimulation des échanges intra-communautaires. Cela servira
aussi bien les intérêts de l’industrie de Newcastle, de Glasgow, de Birmingham,
de Bonn, de Lyon, de Charleroi ou de Gand que de celle du sud-est de
l’Angleterre et de la région de Calais.
A court terme, la construction du tunnel profitera bien
évidemment à l’industrie lourde qui, dans la Communauté, recevra les commandes,
pour l’acier et les autres matériaux utilisés pour la construction de
l’ouvrage.
Les contrats iront de préférence aux entreprises des
régions où le taux de chômage est le plus élevé.
Figure 22 : Zones de distances calculées à partir des
débouchés anglais et français du tunnel.
Source : “Hommes et
terres du Nord”.
La mise en service du Lien fixe transmanche aura de
nombreuses conséquences au niveau de l’activité économique des régions les plus
directement concernées.
La figure n° 22 permet de se rendre compte de la situation
géographique des différentes régions concernées.
Le Nord-Pas-de-Calais et le Kent se trouvent dans un rayon
de 100 km maximum à partir des 2 terminaux.
Pour ce qui concerne notre pays on constate que les
principales régions concernées par les études suivantes sont situées entre 100
et 200 km du terminal français.
Un certain nombre d’études ont déjà été effectuées en
matière de développement régional.
Nous reprendrons ci-après les points les plus importants
de certaines de ces études.
II. ETUDES FRANCAISES
A. Impact et perspectives pour la région
Nord-Pas de Calais du lien fixe transmanche
Cette étude a été réalisée par “Bechtel France” pour la
région Nord-Pas-de-Calais.
Nous reprenons ci-après quelques lignes de cette étude
concernant la concurrence entre les régions concernées.
“La région Nord-Pas-de-Calais dispose de nombreux atouts
positifs qu’elle peut utiliser pour tirer le maximum d’avantages du Lien fixe.
Les principaux sont sa situation centrale à la croisée des chemins de
l’Europe, sa large base industrielle et ses infrastructures existantes, sa
population jeune, son université importante et son organisation politique
dynamique constituée par le Conseil Régional.
En même temps la région doit avoir présent à l’esprit que
les régions avoisinantes possèdent, elles aussi, certains avantages qu’elles
vont exploiter pour tenter de s’attribuer les avantages du Lien fixe.
Les trois régions les plus qualifiées sont la Flandre
occidentale, la Picardie et le Comté de Kent.
Est donné ci-dessous un résumé de quelques-uns de leurs
avantages. La liste est limitée à des qualités intrinsèques ou naturelles sans
tenir compte de mesures à caractère politique, comme les incitations
financières qui sont considérées comme trop temporaires pour un point de vue à
long terme.”
Picardie
·
Proximité de Paris
·
Proximité d’un aéroport important (Charles de Gaulle)
·
Région de grand agrément, image attrayante avec
agriculture, villes historiques et châteaux.
Belgique
·
Réputation d’ouverture à la vie internationale
·
Langue anglaise largement parlée
·
Situation centrale sur les routes d’Allemagne et
d’Europe du Nord
·
Proximité d’un aéroport international (Bruxelles -
National)
·
Ports de qualité.
Kent
·
Langue anglaise
·
Zone de grand agrément
·
Proximité de Londres et de la zone à haute technologie
à l’ouest de Londres...
Toute l’importance du Lien fixe pour notre pays ressort de
ces quelques lignes.
A noter que dans cette étude la Belgique est concernée en
bloc.
Il ne faut pas négliger bien entendu les “sensibilités
différentes” existant actuellement entre le Nord et le Sud du pays.
En résumé cette étude essaye de définir la stratégie de la
région française du Nord-Pas-de-Calais face au tunnel.
B. Lien fixe transmanche et transport de
marchandises, incidences et perspectives pour la région Nord-Pas de Calais
Cette étude estime que les perspectives du marché unique
européen (on en reparlera plus loin) et du tunnel ne favorisent pas a priori
la région Nord-Pas-de-Calais, qui devrait surtout devenir une région de
transit. Le transit pur n’apporte que relativement très peu de valeur ajoutée,
directement liée aux services offerts aux conducteurs (hébergement, détente,
services divers) et aux camions (stations-service) en des lieux proche du
terminal ou le long des itinéraires autoroutiers ...
Pour notre pays on peut se demander si les conséquences de
la mise en service du tunnel ne se limiteront pas à accroître principalement le
rôle de transit des régions belges concernées et plus particulièrement les
provinces de Flandre occidentale et du Hainaut.
La région Nord-Pas-de-Calais énumère dans cette étude les
atouts dont elle dispose mais également les handicaps et concurrences.
Il est très intéressant de reproduire certaines de ces
lignes ici car il y est souvent question de notre pays.
Les handicaps et les concurrences
·
La région est peu centre de décision sur les activités
logistiques et industrielles; les choix s’opèrent ailleurs en des lieux où
l’attachement à la région Nord-Pas-de-Calais n’est pas plus important que pour
d’autres régions, et où seules comptent des rationalités économiques.
·
La main-d’oeuvre est considérée comme ayant une
“qualification professionnelle faible” mais une “maturation sociale forte”.
L’argument vaut d’autant plus que la Belgique voisine
ne renvoie pas à ces images.
·
Comme pour le reste du pays, les ports du
Nord-Pas-de-Calais “ne vont pas bien”, mais plus que pour le reste du pays la
référence aux ports proches du Benelux, “les meilleurs du monde”, est
commercialement difficile.
L’argument vaut pour le trafic transmanche direct mais
aussi pour le cabotage transmanche en “correspondance” avec les lignes longues
qui ont des touchers continentaux.
·
La région souffre aussi d’un manque d’image
d’internationalisme alors que celle-ci est particulièrement forte chez les
voisins belges, pas seulement du fait de la présence des instances européennes
de Bruxelles, mais de toute une tradition marchande. L’argument concerne aussi
les lignes aériennes internationales très peu présentes à Lille.
·
Attirer des investisseurs nécessite aussi d’évoquer les
notions d’environnement et de cadre de vie. Malgré des efforts évidents de la
Région et des instances locales, des sous-régions par exemple le Dunkerquois ou
le Valenciennois souffrent d’une image particulièrement défavorable.
·
Bien que forte de quatre millions d’habitants, la
région Nord-Pas-de-Calais est considérée comme d’un poids faible et trop proche
des fortes concentrations que sont Paris et Londres et d’autre part le triangle
Bruxelles-Rotterdam-Ruhr.
L’argument vaut notamment pour la localisation de
grandes plates-formes inter régionales voire internationales de distribution et
pour celle de lieux de massification des flux.
·
Aux yeux des grands investisseurs étrangers, la France
apparaît en moins bonne position que l’Allemagne ou les Pays-Bas par exemple,
du fait d’un excès de bureaucratie, de trop de taxes et d’une pugnacité
commerciale insuffisante. Dans le milieu des transports s’ajoutent des images
de protectionnisme !
Les atouts
·
Lieu de passage proche de frontière, la région
Nord-Pas-de-Calais bénéficie en matière de transports d’un savoir-faire déjà
présent.
·
Le tissu industriel et l’armature urbaine du
Nord-Pas-de-Calais sont spécifiques de la région la plus dense de France après
l’Ile de France, avec des échanges internes particulièrement nombreux de
personnes et de biens.
·
Lille apparaît comme un centre universitaire et de
recherche dont le rayonnement dépasse largement les limites régionales.
·
La région Nord-Pas-de-Calais est le siège ou l’origine
de quelques très grandes entreprises, fleurons de la distribution ou de
services.
·
Quelques réalisations de haute technologie ont vu le
jour dans la région, l’une des plus prestigieuses étant le VAL de Lille (métro
automatisé), qui concerne le domaine des transports et dont l’acquis sera
réutilisé pour le pilotage automatique des navettes du tunnel.
·
Le Nord-Pas-de-Calais donne l’image d’”une région qui
s’ouvre” comme en témoigne l’intérêt d’investisseurs identifiés, qu’ils soient
privés ou institutionnels.
·
Enfin la région Nord-Pas-de-Calais est dès à présent
directement associée au tunnel, et au TGV Nord. Ces deux éléments ont un double
impact :
. fonctionnel, car la réduction du temps de trajet jouera
de façon plus déterminante sur le transport de personnes que sur celui des
marchandises, permettant à Lille de jouer un rôle de “banlieue évoluée” en
même temps vis-à-vis de Paris, Londres et Bruxelles. Ce constat conforté par la
tertiairisation de notre système économique indique les créneaux d’activité à
viser en priorité.
. d’image, car la région Nord-Pas-de-Calais est associée
au tunnel et au TGV Nord dont les images sont fortement présentes dans les
médias grands publics et professionnels.
A la lecture de ces lignes et en l’absence d’étude belge
détaillée sur le sujet on se rend compte que notre pays dispose dans la région
Nord-Pas-de-Calais d’une bonne image de marque.
Il constitue pour cette région un concurrent à ne pas
négliger. Les autorités belges nationales et/ou régionales doivent saisir à
temps toutes les opportunités nouvelles qui se présenteront à cause de la
création du lien fixe.
D’autres études françaises existent mais concernent des
régions bien déterminées par exemple la région de Dunkerque.
Cette région étant très proche de la frontière belge, nous
croyons intéressant de reproduire ci-après quelques mesures d’accompagnement
que le Bureau de développement économique de la région dunkerquoise estime
nécessaire, mesures à prendre préalablement ou en même temps à la construction
du Lien fixe.
·
Aménagement d’une liaison routière rapide
Boulogne-Calais-Dunkerque et raccordement vers la Belgique et l’Europe du
Nord.
·
Création d’une liaison ferroviaire électrifiée entre le
port de Dunkerque et le débouché du tunnel et mise en oeuvre d’une politique
tarifaire réduisant le coût de cette distance.
·
Mise en oeuvre rapide du projet dunkerquois de
plate-forme multimodale et renforcement des centres de traitement de marchandises
...
III. ETUDES BRITANNIQUES
Citons à ce sujet le dernier rapport d’activité
d’Eurotunnel :
“Eurotunnel est en rapport étroit avec les autorités
locales du Kent et les groupes d’intérêts communs afin d’étudier et minimiser
les effets que le tunnel pourrait avoir à court terme sur l’environnement ou
l’économie et exploiter pleinement les perspectives à moyen et long terme,
notamment dans le domaine de l’emploi.
Eurotunnel encourage le renouveau économique dont l’Est du
Kent a grand besoin et subventionne des actions dans ce sens notamment par
l’étude du potentiel touristique à Douvres (en collaboration avec les autorités
du port de Douvres, les autorités locales et l’office du tourisme britannique)
ainsi que des programmes de formation.
Une étude sur l’impact du projet dans le Kent (“Kent
Impact Study”) subventionnée à la fois par le gouvernement, les autorités
locales, British Railways et Eurotunnel annonce la création de 13.000 à 14.000
emplois dans le Kent par l’accroissement du tourisme et de l’industrie lors de
l’ouverture du tunnel.
La région du Kent a déjà retenu l’attention
d’investisseurs potentiels principalement à Ashford, où de nombreux projets de
développement dans le secteur de l’hôtellerie, du tourisme et des loisirs, du
commerce et de l’industrie sont à l’étude par les autorités locales.”
Une autre étude intitulée “Regional studies of business
opportunities” a été effectuée en avril 1988 par Eurotunnel et British
Railways.
Cette étude présente les résultats d’une enquête effectuée
auprès de plus de 3.000 entreprises britanniques.
Il ressort de cette enquête que plusieurs entreprises
britanniques comptent bien utiliser le tunnel pour leur trafic avec le
continent, principalement à cause du gain en temps de livraison.
Mais il ne semble pas que le tunnel modifiera grand chose
quant à la localisation des entreprises interrogées. Cependant ces dernières
manifestent beaucoup d’intérêt pour l’amélioration des infrastructures
existantes.
IV. ETUDES BELGES
Jusqu’à présent peu d’études semblent avoir été
entreprises dans notre pays concernant cet aspect du développement régional.
Par contre de très nombreux documents ont déjà été publiés
sur le TGV Nord.
Une région semble néanmoins particulièrement intéressée
par l’impact du tunnel. Il s’agit de la région tournaisienne.
Une étude publiée en avril 1988 a été effectuée par la
Chambre de commerce et d’industrie du Tournaisis et la Sobemap.
Elle insiste principalement sur les infrastructures
manquantes tant routières que ferroviaires et montre le rôle de la région de
Tournai.
“L’existence des nouvelles infrastructures aura un impact
positif sur le développement des infrastructures d’accompagnement que pourront
se créer à proximité des voies internationales de communication et bénéficier
du trafic de celles-ci.
Tournai deviendra un noeud autoroutier important, situé
notamment sur l’itinéraire du tunnel sous la Manche vers Bruxelles.
Cette position en fera un lieu privilégié pour le développement
de zones d’échange, halls de stockage, entrepôts spécialisés, zone de transport
intermodal, antennes administratives, services divers aux entreprises.
Pour le réseau ferroviaire, les zones d’entrepôts et de
distribution pourront se développer afin de traiter l’augmentation de trafic
sur les liaisons Lille-Wallonie-Allemagne et Zeebrugge.
L’existence en Hainaut occidental d’infrastructures de
transport et d’équipements adéquats pour permettre le déplacement de personnes
et de marchandises devraient être des incitants pour l’implantation de
nouvelles entreprises dans la région. Mais ils ne suffiront pas. C’est pourquoi
la création d’une Eurozone ou zone européenne transfrontalière de développement
entre le Hainaut occidental et le Nord de la France doit permettre d’imaginer
et de conduire une politique de développement cohérente et harmonieuse.”
Ce concept d’Eurozone ou de “zone européenne
transfrontalière de développement” a été développé autre part. Nous pensons ici
au pôle européen de développement d’Athus, dans la province du Luxembourg,
situé près des frontières françaises et luxembourgeoises. Des études sont en
cours actuellement pour le développement des infrastructures routières et
connexes à cet endroit.
Nous pensons également au développement de liens étroits
entre le Kent le Nord - Pas de Calais. Ces deux régions, directement concernées
par le Lien fixe, ont décidé en avril 1988 de présenter une soumission commune
à la CEE pour un programme transfrontalier de développement régional. Ces deux
régions vont demander que des aides leur soient accordées, sur une période de
cinq ans, pour les aider à assurer le développement de leurs deux façades
maritimes, dans la perspective de la mise en service du tunnel sous la Manche.
A noter que nous avons constaté précédemment dans cette
étude qu’un trafic accru entre, par exemple, la Lorraine française et Tournai
(vers le tunnel) et via les autoroutes belges était loin d’être utopique.
La création ou le développement des gares autoroutières
est également un élément à ne pas négliger surtout dans les régions belges les
plus concernées par la création du Lien fixe.
Les complexes actuels LAR à Courtrai et Garocentre à
Houdeng (La Louvière) semblent idéalement placés dans le contexte du futur
trafic transmanche. Les promoteurs de Garocentre ont d’ailleurs l’intention de
doubler la surface de stockage actuelle. Il semble d’autre part, que Garocentre
sera en 1993, un des trois centres de dédouanement appelés “bureaux intérieurs”
maintenus en Wallonie après l’ouverture des frontières.
Ces gares autoroutières auront peut-être un rôle à jouer
dans le cadre du développement régional lié au Lien fixe.
Rappelons ici quelles sont les principales fonctions d’une
gare autoroutière (selon M. Y. Collaert de l’IDEA).
1. La gare autoroutière est le lieu de
groupement ou d’éclatement des marchandises en provenance ou a destination, en
vue de leur expédition ou de leur distribution. Cette fonction essentielle
facilite l’utilisation des véhicules lourds à pleine charge tout en les laissant
en dehors des agglomérations dont l’approvisionnement est assuré par des engins
plus légers, à partir du complexe routier.
2. A cette fonction primaire vient évidemment
s’ajouter l’entreposage, qui se fait en entrepôt banalisé, privatif, libre ou
sous douane, à la meilleure convenance de l’usager transporteur ou industriel.
3. Certaines gares autoroutières sont desservies
par le chemin de fer, ce qui permet l’utilisation des techniques des transports
combinés rail-route et peut faciliter le trafic des conteneurs.
4. Un ensemble de services destinés à faciliter
la profession vient souvent renforcer le caractère attractif de ces complexes
routiers.
En raison de ses fonctions propres, la gare autoroutière
constitue donc un outil de travail exceptionnel pour les transporteurs, mais
aussi pour les industriels et les commerçants qui font appel à leurs services.
V. LE TUNNEL ET L’EMPLOI
Selon M. Ph. Tabary de la Banque Européenne
d’Investissement (BEI) : “le Lien fixe transmanche devrait avoir une incidence
fort concrète sur l’activité économique et sur l’emploi au Royaume-Uni et en
France, aussi bien en termes d’emplois temporaires pour la période de
construction qu’en termes d’emplois directs permanents. En outre, l’exploitation
de l’ouvrage, à partir de 1993, nécessitera des effectifs permanents s’élevant
à environ 5500 personnes, tant pour Eurotunnel que pour les services annexes.
Et à cet égard, l’impact devrait être particulièrement sensible dans le Nord -
Pas de Calais, une des régions de la Communauté les plus touchées par le déclin
industriel.”
Actuellement, 300 experts travaillent sur la gestion des
travaux tandis que 7300 personnes au total sont occupées sur l’ensemble des
chantiers.
VI. CONCLUSION
Nous aurions ici pu également parler de certaines études
effectuées aux Pays-Bas et plus précisément à Rotterdam.
Néanmoins, cette région semble relativement éloignée du
tunnel. Les Néerlandais eux-mêmes estiment qu’ils ne seront que très peu
affectés par cette nouvelle liaison.
Les études françaises et britanniques nous ont permis de
constater tout l’intérêt manifesté par les autorités de ces deux pays pour le
Lien fixe et ses conséquences sur le développement régional.
Dans notre pays “communautaire” rien n’est simple et on
semble, sauf exceptions, ne pas se préoccuper beaucoup du Lien fixe.
Du côté flamand on a pu constater quelques réactions au
niveau des autorités portuaires principalement de Zeebrugge qui peuvent se
résumer à faire le maximum pour perdre le moins de trafic possible :
développement du port, des structures d’accueil...
De plus, le “Gewestelijke Ontwijkkelingsmaatschappij West
Vlaanderen” (GOM) a décidé, il a y peu, d’entreprendre une étude sur l’impact
du tunnel pour la province de Flandre occidentale.
Du côté wallon on semble peut être manifester plus
d’intérêt pour le tunnel mais principalement pour le futur TGV Nord.
L’étude de la région de Tournai a mis en évidence
l’attrait du tunnel pour cette région et du côté de la Région wallonne
certaines personnes se rendent parfaitement compte de l’importance du Lien
fixe. Notons ici l’intérêt manifesté par le Conseil Economique et Social de la
Région wallonne et plus particulièrement par son groupe de travail “Transports
routiers”.
Nous avons déjà vu que des infrastructures ne sont pas
complètes.
Les régions belges les plus concernées par la création du
tunnel ne pourront en retirer des avantages que pour autant que les maillons
manquants dans l’infrastructure soient réalisés.
De toute manière on ne se rend pas encore très bien compte
actuellement de l’avantage réel que certaines régions belges pourraient retirer
du Lien fixe si ce n’est au niveau du développement d’infrastructures
d’accompagnement liées à l’accroissement du trafic de transit dans notre pays
(par exemple : gares autoroutières).
Néanmoins il est possible que, de part et d’autre de la
Manche, le tunnel en soi crée un certain nombre de possibilités d’emplois. Nous
avons vu le chiffre estimé dans le Comté de Kent ainsi que les possibilités
évoquées par le Tournaisis et la région Nord - Pas-de-Calais .
Il est possible que les créations d’entreprises généreront
un certain nombre d’opportunités à saisir par le transport routier.
Quelles seront les nouvelles possibilités offertes aux
transporteurs routiers belges par le Lien fixe. Il est bien difficile de
répondre à cette question fin 1988, d’autant plus qu’à l’époque de l’ouverture
du tunnel (mai 1993) le marché intérieur unique devra avoir été réalisé !
7ème PARTIE
LE TUNNEL ET LE GRAND MARCHE UNIQUE DE 1993
7ème PARTIE - LE TUNNEL ET LE GRAND MARCHE UNIQUE DE 1993
INTRODUCTION
L’inauguration du tunnel en mai 1993 - si tout se passe
bien - aura lieu dans le cadre du grand marché intérieur européen qui,
rappelons-le, constituera un espace sans frontières intérieures dans lequel la
libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des
capitaux ne pourra qu’être profitable aux entreprises de transport routier.
Il aurait été, évidemment, absurde de créer un marché
unique des marchandises, si les camions qui les transportent ne peuvent
circuler librement.
Un exemple dénoncé récemment par un document de la
Communauté européenne : “Un camion britannique livrant des tondeuses à gazon en
Italie peut entrer sans autorisation en Belgique mais devra en avoir une pour
traverser la France ou l’Allemagne et pour entrer en Italie. Or le commerce des
tondeuses est totalement libre dans la Communauté européenne et toutes les
caractéristiques de ces engins sont normalisées par la Communauté jusqu’au
bruit qu’elles produisent ...”
Dans un premier stade nous examinerons brièvement les
différentes harmonisations à réaliser pour atteindre le but c’est-à-dire le
marché unique de début 1993.
N’oublions pas qu’Eurotunnel a prévu dans les hypothèses
de base pour définir les prévisions de trafic, le maintien des accords et
conventions internationales actuellement en vigueur et relatifs au déplacement
des personnes et aux échanges !
Eurotunnel et ses consultants ne semblent donc pas, à
première vue, avoir tenu compte des effets possibles de la libéralisation !
Dans un second stade nous verrons les réactions possibles
des différents types d’usagers du tunnel et ceci dans l’optique de la
libéralisation.
I. HARMONISATIONS
A REALISER POUR ARRIVER AU GRAND MARCHE UNIQUE
La libéralisation des transports routiers à l’intérieur
de l’Europe en 1993 signifie la mise en concurrence des transporteurs européens
et l’ouverture des transports nationaux aux transporteurs non- résidents.
Quelles sont les questions à régler pour les
transporteurs belges et comment pourront-ils se protéger ?
La première chose à faire semble être d’harmoniser les
conditions de concurrence avant que la libéralisation n’entre dans les faits.
A. Harmonisation de la
concurrence
Les autorisations bilatérales ou communautaires
seront supprimées au 1er janvier 1993 ce qui aura pour conséquence que tout
transporteur, satisfaisant aux conditions d’accès à la profession de son pays,
pourra faire des transports au départ et à destination de n’importe quel autre
pays de la Communauté européenne.
Afin de faciliter ce passage vers le marché libre du
transport routier, les Ministres des Transports de la Communauté ont décidé le
20 juin 1988, d’augmenter sensiblement le nombre des autorisations
communautaires pour 1988 et 1989. En 1988, il y en aura au total 17.153, soit
25 % de plus que l’année dernière, le chiffre pour la Belgique passant de 1.190
à 1.488.
En 1989, le nombre des autorisations augmentera
encore de 40 % pour s’établir à 24.021, dont 2.084 destinées à la Belgique.
Dans les années suivantes, les autorisations
communautaires augmenteront selon un rythme qu’il reste à définir jusqu’à
l’ouverture totale du marché.
Mais en plus, seront également libéralisés,
c’est-à-dire ouverts à tous les transporteurs établis dans un Etat membre de
la CEE, les transports nationaux, à l’intérieur d’un autre pays membre.
Encore s’agit-il de permettre à toutes ces
entreprises communautaires de transport de lutter à armes égales dans le marché
unique, c’est-à-dire en harmonisant les conditions, très diverses d’un pays à
l’autre, dans lesquelles s’exerce l’activité, par exemple : les taxes sur les
véhicules, les taxes sur le carburant, les temps de travail et de repos des
chauffeurs, le contrôle technique des véhicules, les assurances, etc...
C’est là que tout le travail reste à faire.
B. Harmonisation
fiscale
Il s’agit de l’aspect le plus délicat et le plus
complexe de l’unification européenne, car il touche au contrôle sur les
ressources des Etats membres. Actuellement deux types principaux de disparités
fiscales subsistent :
·
les droits d’accises (taxes) proportionnelles à la
quantité consommée (alcools, carburant, tabac ...).
Mais ces dernières taxes se rapprochent de plus en
plus et ne devraient pas poser de problèmes à partir d’ici à 1993.
Notons, l’augmentation début 1989 des droits
d’accises, dans notre pays, décidée certes dans le cadre de la réforme fiscale,
mais qui va néanmoins les rapprocher de la moyenne européenne.
Dans ses premières prévisions de trafic Eurotunnel
avait prévu l’implantation de magasins hors-taxes aux terminaux. Il semble ne
plus tenir compte actuellement de cette hypothèse.
·
la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui constitue
aujourd’hui une part très importante des ressources des Etats membres.
A la lecture du tableau n° 14 on se rend compte du chemin
qu’il reste à faire !
TABLEAU N° 14
Actuellement la CEE a élaboré différentes propositions à
cet effet mais la question sera de savoir si l’harmonisation fiscale doit être
globale ou bien si elle doit se limiter aux seules taxes spécifiques aux
transports.
En premier lieu les propositions de la Commission de la
CEE semblent viser les taxes sur les véhicules et les taxes grevant les
carburants ainsi que les péages instaurés dans certains pays de la Communauté.
Dans le domaine des droits d’accises sur le gasoil
routier, les propositions préconisent un rapprochement, voire un alignement des
taux. Dans le domaine des taxes liées à la possession et à l’usage d’un
véhicule routier, la thèse de la taxation fondée sur le principe de la
nationalité du véhicule et celle fondée sur le principe de la territorialité
s’affrontent. La Commission semble défendre ce dernier principe, c’est-à-dire
une taxation en faveur du pays où le véhicule est utilisé, proportionnelle aux
kilomètres parcourus sur le territoire de ce pays. Ce système entraînerait une
péréquation des recettes réalisées en fonction de l’utilisation effective, par
les transporteurs non- résidents, du réseau routier d’un autre Etat membre.
D’autre part, quand on parle d’harmonisation fiscale, il
existe une série d’autres taxes qu’on pourrait prendre en considération. Dans
le domaine de la fiscalité de droit commun il y a par exemple la taxe sur la
valeur ajoutée, l’impôt sur les sociétés et les impôts locaux. Mais encore la
fiscalité inavouée de certaines charges sociales. Dans le domaine des taxes
spécifiques au transport routier, il y a d’abord les taxes liées à
l’acquisition d’un véhicule et à son immatriculation; ensuite les coûts de base
de la profession de transporteur routier; les taxes liées à la possession, par
exemple les taxes de circulation, déjà citées, et les taxes sur les contrats
d’assurance; enfin les taxes liées à l’usage, comme les droits d’accises sur
les carburants et les péages.
Le problème des péages est celui qui semble le plus
important dans le cadre de cette étude. En effet, l’absence de péages dans
notre pays devrait favoriser l’éclosion d’un nouveau trafic routier vers le
Lien fixe.
A ce sujet la Commission estime qu’ils devraient être
intégrés dans le système de taxation basée sur le principe de la
territorialité. Comme mesures urgentes à prendre dans l’immédiat la Commission
pense en particulier que les péages lorsqu’ils existent, ne devraient pas
opérer de discriminations entre les transporteurs et être collectés de façon à
gêner le moins possible l’écoulement normal du trafic.
N.B. : Notons ici l’intention du
gouvernement fédéral allemand, d’introduire au 1er janvier 1990 un péage pour
le transport routier !
C. Harmonisation
technique
voir tableau n° 15
Au Royaume-Uni le poids maximal autorisé est de 38
tonnes. Mais les Britanniques (et les Irlandais) se réservent le droit de
circuler dans le reste de l’Europe à 40 tonnes, alors qu’ils l’interdisent chez
eux !
Les Britanniques ont en fait obtenu des dérogations
aux poids par essieux déterminés par les Directives CEE compte tenu de l’état
des infrastructures de leur pays. Les dérogations ne sont pas limitées dans le
temps et le Royaume-Uni et l’Irlande devront bientôt soumettre au Conseil un
rapport et des propositions concernant l’évolution de leurs travaux
d’infrastructure, pour permettre ainsi à la Commission de fixer la date à
laquelle les dérogations se termineront définitivement. A ce sujet, la Freight
Transport Association (FTA), organisation des chargeurs britanniques, vient de
demander au gouvernement britannique d’accélérer la réalisation du programme de
renforcement des ponts dans l’intérêt à la fois de l’harmonisation et de la
compétitivité du transport routier britannique.
A la lecture des lignes précédentes on se rendra
compte que les différences techniques entre les véhicules britanniques et
continentaux, si elles ne sont pas supprimées, poseront pas mal de problèmes
aux transporteurs belges. Quel matériel utiliser pour effectuer un transport
transmanche ?
Rappelons ici que les wagons-navettes d’Eurotunnel
seront conçus pour transporter des véhicules jusque 44 t et ne dépassant pas
4,20 de hauteur.
D. HARMONISATION
SOCIALE
Elle concerne en premier lieu, la réglementation des
temps de conduite et de repos des chauffeurs et c’est un “secret de
polichinelle” d’affirmer que les différentes réglementations nationales ou
communautaires sont respectées. Un rapport présenté récemment par M. Visser au
Parlement européen fait état des résultats peu favorables d’une enquête
effectuée en 1984-1985 auprès de quelques 650 chauffeurs en Belgique, au
Pays-Bas en Allemagne Fédérale, en France, en Italie et au Danemark.
Dans celle-ci, 71 % des personnes interrogées ont
avoué ne pas respecter les normes nationales ou européennes, sous la pression
de la concurrence et de leurs employeurs. Il est en outre souligné, dans ce
rapport, que la manière dont sont rémunérés les chauffeurs (par kilomètre, par
heure) influence leur comportement et les incite à transgresser les temps de
conduite autorisés afin d’augmenter leurs revenus.
Quant au problème des salaires et selon M. Reiniger,
il paraît difficile d’unifier en 4 ans un système issu de conditions
économiques trop différentes.
Tous ces aspects ne sont pas à négliger dans le cadre
de cette étude et du choix qui sera offert en 1993 aux transporteurs belges :
tunnel ou Ferry ?
Tableau n° 15
E. Conclusion
A la fin de l’année 1988 et après avoir passé en
revue les différents types d’harmonisations à réaliser ou en réalisation on ne
peut pas dire que la position du transport routier belge soit plus ou moins
bonne que celle de ses partenaires de la CEE.
Il semble que leurs positions économique et
géographique ne soient pas mauvaises, que la qualité des professionnels et du
personnel soit bonne et que le challenge européen puisse donc être abordé avec
confiance.
Mais il est bien entendu que les transporteurs belges
doivent se préparer à cette confrontation et que seules les entreprises les
mieux préparées résisteront à la concurrence.
Dans le contexte du trafic transmanche, les
transporteurs belges semblent capables de résister à leurs concurrents. Ils
doivent en tout cas essayer de profiter pleinement de leur situation
géographique et ceci est valable pour les deux parties du pays !
II. ECHEANCE 1993,
TUNNEL ET MARCHE INTERIEUR EUROPEEN
Dans cette partie de l’étude nous essayerons de mettre
en exergue les points de vue de différents utilisateurs potentiels du tunnel.
Ces renseignements ont été obtenus principalement par
des enquêtes effectuées par la région Nord - Pas-de-Calais ainsi que du CLECAT
(Comité de Liaison Européen des Commissionnaires et Auxiliaires de Transport).
Nous reproduisons ici les conclusions de ces enquêtes
reprises dans le document “Lien fixe transmanche et transport de marchandises”
publié par la région Nord-Pas-de-Calais.
A. Le point de vue des
transporteurs britanniques
Le tunnel reste pour le moment en dehors des
préoccupations des transporteurs. Les entreprises de petite ou moyenne taille
n’ont pas de spécialistes et même le directeur de la gestion ne fait aucune
prévision à plus de 2 ou 3 ans. De plus, les réponses des transporteurs sont
entravées par une absence de connaissance précise sur l’échéancier et la
structure des tarifs applicables en 1993 par le tunnel.
Toutefois il y a parmi les transporteurs un large
consensus sur ces sujets :
a. L’idée du tunnel
ferroviaire
·
Il existe un attachement traditionnel des conducteurs
pour les traversées en ferry qui font partie de leur environnement quotidien :
les traversées apportent un temps de repos, des repas et une ambiance favorable
aux rencontres (pour ces raisons plusieurs conducteurs préfèrent les longues
traversées).
·
La réaction de départ de la plupart des transporteurs à
propos du tunnel fut l’interrogation sur la demande applicable.
·
En revanche il y a une “antipathie” envers le chemin de
fer. Ce n’est pas parce que le rail est perçu comme un rival mais parce qu’il
est considéré comme service inférieur et plusieurs transporteurs auraient
préféré un tunnel routier.
·
Néanmoins il s’avère qu’une majorité de transporteurs
approuvent l’initiative du tunnel, car il favorisera une plus grande
compétition entre les services de traversée, et donc un plus grand choix
d’itinéraires.
·
Plusieurs transporteurs s’attendent à une amélioration
des services de traversée de ferries et certains mentionnent l’introduction
pour bientôt de super-traversées; ils s’attendent à ce que les bateaux alignent
leurs prix sur ceux du tunnel.
b. La probabilité
d’utilisation du tunnel
·
Pour les transporteurs, l’utilisation du tunnel sera
influencée largement par ceux qui utilisent déjà les lignes du détroit
français. Pour le captage d’autres lignes, l’opinion générale est que le tunnel
devra offrir des prix très concurrentiels pour pouvoir prétendre à récupérer
une part correspondante du trafic.
·
Pour les industriels, la plupart estiment que c’est le
transporteur qui devra choisir d’utiliser ou non le tunnel. Généralement
celui-ci est reconnu comme devant apporter une réduction des coûts de livraison
et une amélioration des performances et de la productivité dans la mesure où
il augmente le choix et la concurrence.
Un peu moins de la moitié des chargeurs enquêtés
considèrent envisageables le transfert du trafic Ro-Ro vers le train par le
tunnel. Cette haute proportion ne doit pas masquer le fait qu’un intérêt n’est
pas une implication. Même ceux qui ont exprimé un intérêt dans le nouveau
service mitiGand leurs opinions de critiques sur la lenteur, le manque de
précision et le danger pour les marchandises occasionnés par les trains. Il y a
conscience que pour les longs voyages ainsi que pour les chargements en vrac
l’utilisation du système ferroviaire puisse être efficace.
B. Le point de vue des
transporteurs allemands
Maintenant, les transporteurs allemands n’intègrent
pas l’existence du tunnel dans leur stratégie de distribution au Royaume-Uni.
Ils demeurent en fait dans l’expectative en raison,
d’une part, de la position géographique excentrée du tunnel vis-à-vis des
principales zones de génération de trafic en Allemagne et, d’autre part, de
l’insuffisance actuelle d’infrastructures de liaison entre ces zones et le
tunnel.
Toutefois, la réalisation d’un détour pour
l’utilisation du tunnel ne leur semblerait se justifier que si le gain en terme
de délai était significatif.
Ce gain en délai inclut non seulement le gain sur le
passage de la Manche proprement dit mais encore celui sur le délai d’attente en
chargement ou déchargement du moyen employé.
En revanche, quel que soit le moyen utilisé, les
transporteurs allemands ne voient pas l’intérêt de l’utilisation de
plates-formes de groupage/dégroupage en région Nord-Pas-de-Calais.
Leur optique restant de réduire les ruptures de
charges au minimum, la position de la région Nord-Pas-de-Calais à proximité des
grandes zones de collectage ou de distribution les conduit à n’envisager cette
région que comme un éventuel point de transit pour des acheminements longues
distances entre grandes zones de production et de consommation.
N.B. : On peut penser que pour les
transporteurs allemands la Belgique jouera le même rôle que la région Nord -
Pas-de-Calais, donc essentiellement un rôle de transit.
C. Le point de vue des
intermédiaires de transports européens
Le Comité de Liaison Européen des Commissionnaires de
transport à la suite d’un voyage d’études effectué en avril 1988 à Calais et à
Douvres a fait part des commentaires suivants :
·
Les membres du CLECAT, amplement favorables à la
concurrence inter-modale du transport transmanche, sont également favorables au
projet du tunnel et estiment que celui-ci apportera un plus qualitatif et
économique pour les usagers professionnels.
·
Mais pour préserver cette concurrence, il est
fondamental de maintenir l’existence et la qualité du service maritime. Ce
d’autant plus que le tunnel, bien que se prêtant à toutes les possibilités, est
d’abord une infrastructure de transport ferroviaire.
·
Les obstacles techniques - gabarit des ponts et tunnels
plus petits que sur le continent - au développement de ce mode de transport au
Royaume-Uni, permettant de penser que les changements modaux actuels ne se
feront pas brutalement, mais très progressivement, conformément aux adaptations
qui seraient réalisées.
·
Une guerre des tarifs, pronostiquée aussi bien par les
compagnies maritimes qu’Eurotunnel, si elle peut apparaître comme favorable aux
usagers par la baisse des tarifs qu’elle entraînerait, ne laisse pas d’être
inquiétante à terme, en raison de ses effets, sur la qualité du service
notamment.
·
Indéniablement, l’intégration européenne et le marché
intérieur, auront des effets négatifs sur l’activité des commissionnaires de
transport. Il faut dès aujourd’hui mesurer et circonscrire ces effets, et
rechercher des solutions au problème que pose une éventuelle adaptation aux
nouvelles circonstances technico-écono-miques européennes.
D. Conclusion
Un des éléments les plus important et encore inconnu
à ce jour est bien entendu le niveau des tarifs d’Eurotunnel.
D’autre part les transporteurs ne semblent disposés à
utiliser le Lien fixe que pour autant qu’il y ait un gain de temps appréciable.
Ce facteur gain de temps est également un élément
difficile à cerner actuellement à la suite des nombreux problèmes non encore
résolus tels que les formalités douanières.
Il serait peut être souhaitable d’entreprendre une
enquête auprès des transporteurs et usagers belges concernés par le Lien fixe.
Cependant le grand nombre de points d’interrogations
tels que : tarifs d’Eurotunnel, temps réellement gagnés, formalités douanières
simplifiées ou pas, problèmes techniques propres aux véhicules, infrastructures
routières à réaliser ou à complè-ter ... ne permet pas, maintenant, de se
faire une idée bien précise sur la stratégie qui pourrait être élaborée par les
futurs usagers belges du tunnel.
“Chunnel or not Chunnel that’s the question ?”
N.B. : Rappelons, si besoin est,
que “Chunnel” est une contraction de Channel tunnel utilisée par nos voisins
britanniques.
8ème PARTIE
CONCLUSIONS GENERALES
8ème PARTIE - CONCLUSIONS GENERALES
“L’Europe a une très forte densité de population et un
niveau de vie élevé. L’année 1993 va lui apporter la libre circulation et la
possibilité de mettre en oeuvre cette nouvelle liberté dans les meilleures
conditions de rapidité, de confort et de choix des liaisons. Dans un rayon de
650 km, Eurotunnel va réunir 110 millions de consommateurs sur le continent et
60 au Royaume-Uni.
Au-delà, l’infrastructure de transport qu’Eurotunnel aura
incité à mettre en place en Europe permettra d’assurer des liaisons rapides et
sans transbordement entre les 321 millions d’habitants du grand marché
continental et le marché britannique. Des effets d’attraction et de synergie se
produiront dans ce marché aux dimensions nouvelles et aux facilités de liaisons
inconnues jusque là. Paris sera à trois heures de Londres par le train, centre
ville à centre ville, Lille à deux heures, Bruxelles à deux heures quarante
(pour autant que le TGV Nord soit terminé). Le tourisme en bénéficiera
naturellement, mais aussi l’industrie qui pourra rechercher plus aisément la
main-d’oeuvre de qualité où elle demeure, à cause de la rapidité et au bon
marché des transports. En elle-même, l’offre de transport supplémentaire
provoquera une augmentation de la demande, rendant le marché européen d’autant
plus prospère qu’il réunira plus vite un plus grand nombre de personnes. Ce qui
est la définition même du marché.
Mais il existe une autre conséquence qui sera importante
dans la réussite d’Eurotunnel. Ce sera le rééquilibrage de l’Europe et la mise
en place d’une liaison fixe qui reliera le Royaume-Uni au continent. Si l’on
pouvait parler quelquefois d’opposition de l’Angleterre à l’Europe, c’était
parce que les Britanniques n’avaient pas le sentiment d’en faire vraiment
partie. Les moyens de transport ne partaient pas du Royaume-Uni vers le
continent, mais vers l’Europe. Un autre monde commençait à Calais. Il ne pourra
plus en être ainsi demain. Eurotunnel ne changera pas le caractère des
Britanniques, mais il multipliera les occasions de contact et augmentera
l’influence réciproque des uns sur les autres. Cette évolution du sentiment au
Royaume-Uni est d’ores et déjà perceptible.
Tiré vers le continent, le Royaume-Uni y exercera une
influence positive, à la mesure des qualités de force de caractère et
d’adaptation dont il a toujours fait preuve. La réussite d’Eurotunnel sera
celle de l’un des grands chantiers entrepris dans le monde. Elle sera aussi
celle de l’entrée des îles britannique dans une Europe qui aura fait elle-même
l’effort de s’unir dans le grand marché de 1993” (A. Bénard, coprésident
d’Eurotunnel).
Les retombées économiques et financières de la mise en
service du tunnel concerneront en tout premier lieu la France et le Royaume-Uni
mais également, le Bénélux, l’Allemagne fédérale et aussi, certes dans une
moindre mesure, la Suisse, l’Autriche et l’Italie.
Le tunnel est maintenant entré en construction et personne
ne pense que cette fois-ci elle pourrait être interrompue par la volonté
politique d’une des parties comme ce fut le cas pour le précédent projet des années
1970.
En ce qui concerne la conception même du système nous
avons vu que certains problèmes restent à régler tels que les navettes
elles-mêmes, la sécurité à l’intérieur du tunnel, le transport de marchandises
dangereuses ...
Quant au financement du projet, sans doute le plus grand
projet d’infrastructure de ce siècle, il a pu être réalisé sans trop de
difficultés, il implique la participation d’organismes financiers du monde
entier.
Nous avons vu que des organismes financiers belges s’y
sont intéressés en obtenant en contrepartie certains travaux pour des firmes
belges.
Le financement a également été facilité par l’intervention
de la Banque Européenne d’Investissement, ce qui a donné une dimension
européenne au projet.
Dans le domaine des infrastructures, de très nombreux
points restent à résoudre et ils sont capitaux pour le monde du transport
routier belge. Nous avons vu que, sur le plan routier, les maillons manquants
sont relativement peu nombreux. Néanmoins la non-construction des quelques
kilomètres manquants risque de pénaliser les transporteurs de notre pays.
Il faut donc souhaiter que nos différentes autorités tant
nationales que régionales se rendent compte de l’importance de l’enjeu et
lèvent à temps les derniers obstacles.
A ce sujet il est intéressant de noter les dernières
propositions de la CEE en matière de grands travaux d’infrastructures. Ce
programme d’action de la CEE, échelonné sur 5 ans, s’il est réalisé, pourrait
constituer une aide précieuse pour réaliser les maillons manquants.
Quant au trafic transmanche nous avons pu constater toute
son importance pour notre pays et principalement sur le plan des transports
roll-on/roll-off, le port de Zeebrugge étant actuellement un des mieux placés
pour ce trafic.
L’examen des prévisions de trafic d’Eurotunnel et de ses
consultants, et malgré quelques réserves émises sur certaines hypothèses
prises, a montré toute l’importance du Lien fixe dans notre trafic avec le
Royaume-Uni.
On peut cependant estimer que les trafics de véhicules
accompagnés au départ d’Ostende et de Zeebrugge seront les plus touchés. Une
grande partie de ce trafic devrait, si toutes les infrastructures sont
réalisées à temps, utiliser le tunnel.
Le trafic non accompagné, l’essentiel du port de
Zeebrugge, ne devrait semble-t-il pas trop souffrir du tunnel.
Au niveau du transport des conteneurs, tant Anvers que
Zeebrugge devraient profiter de l’impact du Lien fixe. On a pu constater les
espoirs d’Anvers à ce sujet. Néanmoins pour ce qui est de Zeebrugge les
infrastructures ferroviaires devraient être complétées.
Comme on peut le remarquer l’impact du tunnel devrait être
positif dans notre pays tant pour certains ports que pour le transport routier
(gain appréciable de temps sur certains itinéraires).
L’ouverture du tunnel aura certainement de nombreuses
conséquences sur le développement régional.
Les régions les plus directement concernées, à savoir le
Kent et le Nord-Pas-de-Calais ont essayé de les identifier.
En Belgique, à l’exception d’une étude effectuée dans le
Tournaisis, rien ne semble avoir été fait.
Le pays est en voie de communautarisation et cela ne
simplifie pas les choses.
Du côté flamand, on semble principalement préoccupé du
maintien du trafic portuaire en prévoyant le développement des infrastructures
portuaires, l’installation de structures d’accueil...
Quant aux Wallons, bien qu’ils semblent à première vue
beaucoup plus concernés par le développement du TGV Nord, on remarque cependant
toute une série d’initiatives destinées à ne pas “rater le coche”.
Reste à savoir si, en l’absence de mesures concertées,
dans notre pays, on ne se limitera pas dans un premier temps à quelques
simples améliorations des infrastructures existantes sans tenir compte d’un
plan d’ensemble en la matière. De toute façon, une collaboration intermodale
semble s’imposer dans notre pays.
Beaucoup estiment que le tunnel et les infrastructures qui
y sont liées, créeront un certain nombre d’emplois.
Il est possible que la création d’entreprises dans les
régions concernées aura pour conséquence une part de trafic à saisir par le
transport routier belge.
Néanmoins l’impact du tunnel sur le transport routier
belge est très difficile à cerner en cette fin de 1988. Trop d’obstacles
restent à lever et n’oublions pas qu’en mai 1993 (l’ouverture prévue du tunnel)
le grand marché intérieur devra avoir été réalisé ! Les transporteurs routiers des autres pays de la CEE seront donc,
eux aussi, présents sur le marché belge et, il ne faut pas non plus négliger
l’importance croissante de capitaux étrangers dans les entreprises de transport
routier belges de marchandises.
1993 représente donc une date d’une extrême importance
mais cette date n’est paradoxalement qu’une étape, en particulier en ce qui
concerne l’infrastructure puisque les concessionnaires du tunnel se sont
engagés à présenter aux gouvernements français et britannique, à la demande de
ceux-ci, d’ici à l’an 2000, un projet de liaison routière sans rupture de
charge (tunnel exclusivement routier) qui pourra compléter le premier ouvrage
quand les conditions techniques et économiques de réalisation d’une telle
liaison le permettront et l’augmentation du trafic le justifiera.
En tout cas, les transporteurs belges doivent saisir tous
les atouts en leur possession, excellente situation géographique, bonne
connaissance du transport international... pour tenter de résister le mieux
possible à leurs concurrents.
Aux autorités de ne pas les défavoriser en retardant la
construction de certaines infrastructures manquantes et, il nous reste à
espérer, que le transport routier belge de marchandises sera en mesure
d’aborder le challenge européen avec confiance !
° °
°
Le tunnel sous la
Manche, aura-t-il réellement un impact positif pour le transport routier belge
de marchandises ?
Nous avons vu qu’il est bien difficile de répondre à cette question en
cette fin de l’année 1988.
Cette étude a tenté
de faire, dans la mesure de nos moyens, le panorama le plus complet possible
des différents problèmes posés par la mise en service du “Chunnel”. Elle
comporte un certain nombre de documents inédits, cartes et statistiques,
certains publiés pour la première fois en Belgique.
Si elle peut aider,
d’une manière ou d’une autre, les transporteurs professionnels routiers de
marchandises de nos différentes régions, nous estimerons que ce travail n’aura
pas été inutile.
Fr. PECHEUX
Bruxelles, le 5 décembre 1988
__________________
ANNEXE
QUELQUES SLOGANS PUBLICITAIRES D’EUROTUNNEL
Ces quelques slogans ont été publiés par la presse ou ont
fait l’objet de spots à la télévision d’une part pour faire connaître
Eurotunnel et d’autre part pour inciter le grand public à acquérir des actions
de l’entreprise.
·
“Un pas de géant entre le XXème et le XXIème siècle”
·
“La plus grande invention depuis le mal de mer”
·
“Avant - Before/Après - After”
·
“Une expérience unique si vous n’êtes pas allés sur la
lune”
·
“Le seul endroit d’Europe où piétons, voitures,
camions, trains, roulent à 160 km/h.”
·
“Enfin l’autoroute Liverpool - Rome”
·
“20.000 milles lieues sous les embouteillages”
·
“Nouveau le contribuable ne contribue plus”
·
“Privatisé de naissance”
·
“Le placement le plus excitant sur terre est sous la
mer”
·
“Jules César, Léonard de Vinci, Ferdinand de Lesseps,
ont rêvé de changer la terre.
Nous sommes en train de le faire.
Nous sommes en train de construire le tunnel
sous la Manche.
Dès 1993, 30 millions de passagers et 15
millions de tonnes de fret devraient l’emprunter.
Et ce trafic ne manquera pas d’augmenter.
En devenant bientôt actionnaire
d’Eurotunnel, vous deviendrez actionnaire du plus grand péage du monde.
Eurotunnel. Un pas de géant”.
_______________
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expérience intéressante du point de vue du financement ... mais c’est aussi un
projet de haute technologie : conférence ESTI à Bruxelles
Lloyd Anversois, (24.6.1987), p. 1
Vandenbossche B.
Zeebrugge entend
préserver ses trafics Ro/Ro et tirer avantage de l’intégration du tunnel dans
un système de transport, en marge d’un colloque à Bruges.
Lloyd Anversois, (19.4.1988), pp. 1-3
Vandermeir M.
La Belgique ne
supportera pas seule sa facture TGV : c’est l’accord de principe essentiel
ramené par Jean-Luc Dehaene de la réunion internationale de Francfort.
La Libre Belgique, (22.10.1988).
Anvers, port européen offrant des services complets
Hinterland, (1987) 1, n° 133-F, pp. 1-94
Ausgezeichnete Perspektiven für den Gesamtverkehrsmarkt : Channel tunnel
und Europa
Deutsche Verkehrs Zeitung, (21.5.1988), p. 13
CEE et infrastructures de transport, un nouveau moyen d’action
Bulletin de la FEB, (14.9.1988), p. 1495
Channel tunnel : compilation
articles “Financial Times” : 1987-1988
Financial Times, (1.1.1987)
Channel tunnel : no more an island after 1991
Transport, (1.4.1986), pp. 70-71
Chunnel : les retombées économiques pour la région Nord-Pas-de-Calais
Lloyd Anversois, (6.8.1987), p. 3
Chunnel, Anvers et Rotterdam
Lloyd Anversois, (12.2.1987), pp. 1-3
Colloque : tunnel sous la Manche et développement
régional en Europe du Nord-Ouest, Lille, 19-20 novembre 1987
Hommes et Terres du Nord, (1988) 1-2, pp. 1-124
De Generale Maatschappij van België en de NIM werken mee aan de bouw van de
Kanaaltunnel
Informatiebulletin van de Generale Maatschappij van België
(1.2.1986), pp. 10-13
De haven van Anvers in 1987
Hinterland, (1988) 1, nr. 137, pp. 5-17
Euroroute, le seul projet franco-britannique de développement d’un Lien
fixe transmanche
Le Journal de la Marine Marchande, (16.5.1985), pp.
1152-1156
Eurotunnel van hoop
tot realiteit ...
Verbond van Belgische Ondernemingen, (14.12.1987), pp.
1759-1761
Eurotunnel : dix lieues sous les mers
Mini-Maxi-Truck, (31.7.1988), pp. 35-37
Eurotunnel : la
facture s’alourdit déjà de 20 milliards de FB... mais les prévisions de revenus
et de trafics sont en hausse
Lloyd Anversois, (1.12.1988), pp. 1-2
Eurotunnel : une
expérience intéressante du point de vue du financement ... mais c’est aussi un
projet de haute technologie
Lloyd Anversois, (24.6.1987), p. 3
Financiering Kanaaltunnel nadert cruciaal eindstadium
Lloyd, (12.9.1987), pp. 1-2
Hoge snelheidslijnen in Europa
Tijdschrift voor Vervoerswetenschap (1987) 3, pp. 239-358
Kanaaltunnel als schakel in europese transportketen
Lloyd, (23.4.1988), pp. 1-2
Kanaaltunnel kan
nieuwe kansen bieden aan scheepvaart via Rotterdam : Onderzoek van Gemeentelijk
Havenbedrijf
Rotterdam Delta (1988) 3, pp. 20-21
L’Eurotunnel
Navires Ports et Chantiers, (1.6.1987), pp. 311-315
Le Chunnel ouvrira
de nouvelles perspectives pour le transport express de fret aérien : la M25
constituera un obstacle considérable
Lloyd Anversois, (27.9.1988), pp. 1-3
Le Chunnel va aiguiser la compétition Anvers-Rotterdam
L’Echo de la Bourse, (17.2.1987)
Le tunnel sous la Manche
Tractebel News, (1.12.1987), pp. 3-8
Les travaux
préparatoires du tunnel sous la Manche ont débuté : tandis que le port de
Calais se modernise : une concurrence accrue pour Oostende et Zeebrugge
Lloyd Anversois, (6.7.1987), pp. 1-3
Ro/Ro et Eurotunnel
Bulletin de la FEB, (16.9.1988) p.1492
Rotterdam en de Kanaaltunnel
Lloyd, (30.04.1988)
Schienenfahrzeugprojekte für den Armelkanaltunnel
Schienenfahrzeuge, (1988), nr. 3 (Transpress VEB Verlag
für Verkehrswesen, Berlin, DDR)
TGV-Nord : Les conclusions du rapport Rudeau
La Voix du Nord, (6.5.1987)
The Channel tunnel : through impenetrable apathy
The Economist, (10.10.1987), pp. 5
Transmanche : un plan d’accompagnement audacieux pour faire passer le
tunnel
Journal de la Marine Marchande, (30.1.1986), pp. 244-248
tunnel, le chantier
du siècle
Lille Actualités, (1.3.1986), p. 18
tunnel sous la
Manche : accord tripartite pour le transport intermodal
Lloyd Anversois, (14.1.1988), p 4
Verkeersscenario’s in Chunnelversie : bedenkingen bij de langverwachte
kanaaltunnel
Transport Echo, (1.7.1988), pp. 21-23
Wallonie, marché unique des transports, note introductive,
CESRW, (3.3.1988)
Zeebrugge to
stimulate the development of ferry services and to benefit from the impact of
the chunnel on deep sea traffic
Lloyd Anversois “Supplément “, (7.06.1988)
3. STATISTIQUES
Details of Statistics for the Month of December 1987
Douvres Harbour Board, Statistical Summary
Eurotunnel, estimation de trafics et de revenus
Rapport semestriel, 1988
Le transport en Belgique : Recueil des statistiques, 19ème
édition
Bruxelles, Ministère des Communications, 1987
Port Statistics 1986
Londres, Department of Transport; British Ports
Association, 1987
Road goods véhicles on Roll-on Roll off ferries to Mainland Europe
Department of Transport statistics Bulletin (88) 1
Londres, Department of Transport, 1988
Statistieken van Binnenlandse Handel en Vervoer
Brussel, Nationaal Instituut voor de Statistiek (1988) 6.
4. PERIODIQUES
Le tunnel : Bulletin spécial d’information du Conseil Régional
Nord-Pas-de-Calais
Vol 1, n° 1 à 8 (1987-1988)
Lille, Conseil Régional Nord-Pas-de-Calais
TABLE DES TABLEAUX
Tableau n°1 Comparaison des temps de traversée 17
Tableau n°2 transport par mer entre la Belgique et
LE ROYAUME-UNI 68
Tableau n°3 redeploiement commercial du royaume-
uni 70
tableau n°4 trafic ro/ro Royaume-Uni -
Belgique 73
tableau N°5 TRAFIC RO/RO continent - Royaume-Uni
·
en milliers de véhicules lourds 76
Tableau n°6 Trafic
ro/ro continent - Royaume-Uni
·
évolution en indices - 1980 =100 77 tableau n°7 trafic ro/ro
continent - Royaume-Uni
·
part relative de chaque port 78
tableau n°8 transport par conteneurs - trafic de
certains ports belges 81
tableau n°9 évolution du pib AU ROYAUME-UNI 86
tableau n°10 évolution prévisible du trafic
transmanche de marchandises 91
tableau n°11 trafic détourné par le tunnel 92
tableau n°12 trafic de quelques ports 93
tableau n°13 répartition des trafics selon les
couloirs maritimes et par origine en
direction de Birmingham 95
tableau n°14 comparaison des fiscalités 120
tableau n°15 poids et dimensions - maximum admis pour
les véhicules routiers en Europe 123
TABLE DES FIGURES
FIGURE N°1 Lien fixe transmanche 8
figure n°2 Profil en long du tunnel sous la
manche 8
figure n°3/4 coupe du système 14
figure n°5 présentation des navettes ferroviaires 16
figure n°6 comparaison des différents gabarits 18
figure n°7/8 sites de calais et de FOLKESTONE 24
figure n°9 partenaires d’eurotunnel 28
figure n°10 prévision de recettes 33
figure n°11 situation du terminal BRITANNIQUE 40
figure n°12 implantation du terminal BRITANNIQUE 41
figure n°13 situation du terminal français 43
figure n°14 implantation du terminal français 44
figure n°15 infrastructures autoroutières
européennes liées au lien fixe
transmanche 46
figure n°16 rocade littorale française 47
figure n°17 infrastructures routières au Pays-Bas -
liaison avec l’Eurotunnel 52
figure n°18 Principaux réseaux ferroviaires 56
figure n°19 liaison ferroviaire avec Zeebrugge 58
figure n°20 principales liaisons ferries 80
FIGURE N°21 CENTRES DE CHARGEMENT RAIL/ROUTE EN
Europe 84
figure n°22 zones de distances calcules a partir des
débouchés BRITANNIQUES et français
du
tunnel 104
.Début
Table M.
T A B L
E D E S M A T I E R E S
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION 3
1ère PARTIE - HISTORIQUE 7
2ème PARTIE -
CONSTRUCTION ET FONCTIONNEMENT 13
I. CONTRAT DE CONSTRUCTION 13
II. CARACTERISTIQUES DES TUNNELS 13
A.
Description 13
B. Type
de navettes 15
III. SECURITE DANS LE TUNNEL 19
IV. CONSTRUCTION DES TUNNELS 20
A.
Introduction 20
B.
Travaux préparatoires 21
C.
Travaux de forage 21
D.
STOCKAGE DES DEBLAIS 21
V. CONSTRUCTION DU MATERIEL FERROVIAIRE 22
VILS. CONSTRUCTION DES TERMINAUX 22
VILS.
CONCLUSION 23
3ème PARTIE - FINANCEMENT
DU PROJET 27
I. LA
SOCIETE EUROTUNNEL 27
II. LE
FINANCEMENT 29
III.
PREVISION DE RECETTES D’EUROTUNNEL. 33
IV.
PREVISION DE RENTABILITE D’EUROTUNNEL 34
V.
ACCORDS FERROVIAIRES 35
VILS.
CONCLUSION 36
4ème PARTIE -
LES INFRASTRUCTURES 39
I.
INFRASTRUCTURES DE RACCORDEMENT 39
A. LES
TERMINAUX 39
B. Les
infrastructures routières 45
C. Les
infrastructures ferroviaires 54
II.
AUTRES INFRASTRUCTURES 62
A. Les
ports 62
B. Les
aéroports - les liaisons aériennes 62
5ème PARTIE - LE TRAFIC
TRANSMANCHE 67
I.
TRAFIC ACTUEL 67
A. Evolution globale
des échanges par mer entre la Belgique et le ROYAUME-UNI 67
B. Parts de la route
et du rail dans le trafic entre certains pays et le ROYAUME-UNI 72
C. Evolution du
transport “Roll-on/Roll-of” entre la Belgique et le Royaume-Uni. 72
D.
Evolution du transport par conteneurs 79
E.
PERSPECTIVES DES TRANSPORTS COMBINES RAIL - ROUTE 83
II.
PREVISIONS DE TRAFIC DE MARCHANDISES D’EUROTUNNEL 85
Introduction 85
A. Examen des
hypothèses de travail prise par Eurotunnel 86
B. Evolution
prévisible du trafic TransManche de marchandises 90
C.
Détournement du trafic par le tunnel 90
D.
Perspectives évolution du transport ferroviaire 96
III. CAPACITE MAXIMALE
DU TUNNEL (transport de marchandises) 98
IV.
CONCLUSION 98
6ème PARTIE - LE TUNNEL
ET LE DEVELOPPEMENT REGIONAL 103
I.
INTRODUCTION 103
II.
ETUDES FRANCAISES 105
A. Impact et
perspectives pour la région Nord-Pas de Calais du lien fixe
TransManche 105
B. Lien fixe
TransManche et transport de marchandises, incidences et perspectives pour la
région Nord-Pas de Calais 107
III.
ETUDES BRITANNIQUES 109
IV.
ETUDES BELGES 110
V. LE
TUNNEL ET L’EMPLOI 112
VI.
CONCLUSION 112
7ème PARTIE - LE TUNNEL
ET LE GRAND MARCHE UNIQUE DE 1993 117
INTRODUCTION 117
I. HARMONISATIONS A
REALISER POUR ARRIVER AU GRAND MARCHE UNIQUE 118
A.
Harmonisation de la concurrence 118
B.
Harmonisation fiscale 119
C.
Harmonisation technique 122
D.
HARMONISATION SOCIALE 122
E.
Conclusion 124
II. ECHEANCE 1993,
TUNNEL ET MARCHE INTERIEUR EUROPEEN 124
A. Le
point de vue des transporteurs britanniques 124
B. Le
point de vue des transporteurs allemands 126
C. Le point de vue des
intermédiaires de transports européens 126
D.
Conclusion 127
8ème PARTIE - CONCLUSIONS
GENERALES 131
BIBLIOGRAPHIE 137
TABLE DES TABLEAUX 149
TABLE DES FIGURES 151
.Fin Table M.
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